Pour aller au ciel, il faut mourir
de Djamshed Usmonov (Fr-Tadjikistan, 1h40) avec Khyrched Golibekov, Dinara Droukarova...
Le (long) premier plan de cet étonnant petit film est un trompe-l'œil : Kamal, 20 piges, se fout à poil et passe une étrange visite médicale où le docteur finit par s'intéresser aux états d'âme du jeune homme plus qu'à son état physique... Où l'on apprend qu'il est déjà marié mais qu'il n'arrive à rien sexuellement avec son épouse. Assistera-t-on à la énième chronique de mœurs estampillée auteurisme mondialisé ? Heureusement pas... À peine les pieds dans le train qui le conduit vers la grande ville, Kamal tente de séduire une femme mûre qui le rembarre sèchement. S'ensuit une série de scènes de drague qui transforme cet anti-héros en spécialiste local de la veste et du râteau. Cette première partie, convaincante, est portée par une légèreté et une vitesse d'exécution inattendues, mais aussi par un vrai sens de la mise en scène, grâce entre autres à la belle photo du Français Pascal Lagriffoul. À mi-parcours, le film tente une rupture de ton qui le fait basculer vers le thriller ; c'est un peu moins réussi, mais Usmonov retombe sur ses pattes in extremis, les dernières scènes éclairant cette quête a priori absurde d'une "morale" amère, drôle et émouvante. Et puis, il y a la grâce tranquille de Dinara Droukarova... Découverte gamine par Vitali Kanevski dans Bouge pas, meurs et ressuscite et sa suite, elle a depuis éclairé de sa présence solaire de beaux (Depuis qu'Otar est parti) et de moins beaux (Petites coupures) films. Elle explose ici dans son rôle de femme (faussement) facile mais (vraiment) amoureuse. Christophe Chabert