Pour aller au ciel, il faut mourir

Mercredi 11 octobre 2006

de Djamshed Usmonov (Fr-Tadjikistan, 1h40) avec Khyrched Golibekov, Dinara Droukarova...

Le (long) premier plan de cet Ă©tonnant petit film est un trompe-l'œil : Kamal, 20 piges, se fout Ă  poil et passe une Ă©trange visite mĂ©dicale oĂą le docteur finit par s'intĂ©resser aux Ă©tats d'âme du jeune homme plus qu'Ă  son Ă©tat physique... OĂą l'on apprend qu'il est dĂ©jĂ  mariĂ© mais qu'il n'arrive Ă  rien sexuellement avec son Ă©pouse. Assistera-t-on Ă  la Ă©nième chronique de mœurs estampillĂ©e auteurisme mondialisĂ© ? Heureusement pas... Ă€ peine les pieds dans le train qui le conduit vers la grande ville, Kamal tente de sĂ©duire une femme mĂ»re qui le rembarre sèchement. S'ensuit une sĂ©rie de scènes de drague qui transforme cet anti-hĂ©ros en spĂ©cialiste local de la veste et du râteau. Cette première partie, convaincante, est portĂ©e par une lĂ©gèretĂ© et une vitesse d'exĂ©cution inattendues, mais aussi par un vrai sens de la mise en scène, grâce entre autres Ă  la belle photo du Français Pascal Lagriffoul. Ă€ mi-parcours, le film tente une rupture de ton qui le fait basculer vers le thriller ; c'est un peu moins rĂ©ussi, mais Usmonov retombe sur ses pattes in extremis, les dernières scènes Ă©clairant cette quĂŞte a priori absurde d'une "morale" amère, drĂ´le et Ă©mouvante. Et puis, il y a la grâce tranquille de Dinara Droukarova... DĂ©couverte gamine par Vitali Kanevski dans Bouge pas, meurs et ressuscite et sa suite, elle a depuis Ă©clairĂ© de sa prĂ©sence solaire de beaux (Depuis qu'Otar est parti) et de moins beaux (Petites coupures) films. Elle explose ici dans son rĂ´le de femme (faussement) facile mais (vraiment) amoureuse. Christophe Chabert