Flandres
Dans Flandres (Grand prix à Cannes), deux terres dénudées sont filmées : la terre natale du réalisateur, espace de déambulations aux paysans taiseux, et un désert africain, théâtre d'une guerre non-identifiée. Flandres prolonge la réflexion de Bruno Dumont sur l'Homme, toujours tiraillé entre bestialité et grâce métaphysique. Sur cette terre du nord dépouillée, le cinéaste se focalise sur un groupe de jeunes. La caméra capte leurs visages, exprime ce que les mots récusent. Malgré le parti pris naturaliste (plans rapprochés sur les sillons, bottes dans la boue, activités paysannes répétitives), l'atmosphère s'avère irréelle. Les individus s'y inscrivent magnifiquement : Demester jeune paysan disgracieux "saute" Barbe, jeune elfe offerte le long des sentiers. Est-ce parce que leurs rapports sexuels sont rapides et sans plaisir pour elle, qu'elle se donne à Blondel ? L'heure de la mobilisation sonne et les questions sont laissées en suspens ; les jeunes du pays partent pour "une" guerre. Les images du conflit mélangent étrangement tanks, hommes à chevaux, bagarres racistes, allusions homophobes, traques. Dumont filme la guerre dans toute son horreur et le spectateur est invité à goûter à la culpabilité de ces actes barbares, atroces. Flandres est un film inquiétant où l'aon hésite entre une quête perpétuelle du sens et un abandon à la sensation, à la recherche picturale pour finalement accepter l'incompréhension, la perte des repères. S.DFlandres de Bruno Dumont (Fr, 1h31) avec Adélaïde Leroux, Samuel Boidin...