"Deadwood" saison 1

par
Mercredi 14 juin 2006

David MilchParamount

Au-delà de sa brutalité (à peine atténuée d'un discret enrobage soap-opéra), l'opinion américaine a surtout condamné la série de David Milch pour la crudité de son langage. Certes, l'on s'y traite de "cocksucker" à tour de bras (avec une traduction systématiquement différente dans les sous-titres !), mais pour peu que l'on se plonge avec un minimum d'attention dans ce Nouveau Western, on conviendra aisément que l'intérêt se trouve mille coudées au-dessus de ces considérations sémantiques. Soit, au sortir de la Guerre de Sécession, le quotidien de la cité de Deadwood, ville située en territoire indien (et donc assujettie à aucune loi) où viennent se perdre des prospecteurs désespérés et autres reclus du rêve américain. Une poignée de personnages inspirés de prestigieux modèles ayant porté leur empreinte, positive ou non, sur le grand Ouest sauvage fantasmé par le 7e Art. Un tableau où les arnaques homicides, le sexe marchand et les charretiers mal dégrossis se tirent la bourre. Loin de l'hommage déférant à un genre tombé en désuétude, Deadwood se targue d'une certaine "authenticité" sur son sujet, en mêlant petite Histoire et grands apports fictionnels avec dextérité (l'épisode pilote s'offre une belle caution morale avec une mise en scène de Walter Hill, exégète du sujet). Et touche au but, notamment grâce à son impeccable casting, en tête duquel émerge l'incroyable Ian McShane (que même une VF lénifiante n'arrive pas à adoucir). Une énième preuve de la créativité télévisuelle américaine, loin devant son modèle cinématographique, dont elle s'accapare peu à peu tous les genres majeurs avec une audace dont Hollywood aurait bon ton de s'inspirer (attendez donc de découvrir le sort réservé au péplum dans Rome, diffusé fin juin sur Canal...). FC