Les aiguilles rouges

Mercredi 17 mai 2006

de Jean-François Davy (Fr, 1h30) avec Jules Sitruk, Damien Jouillerot...

Pour évoquer son retour à la réalisation, Jean-François Davy aime bien citer Claude Chabrol : "la mise en scène, c'est comme le vélo, ça ne s'oublie pas". Soit. Pour compenser les risques, notre homme a bien retenu les leçons de son parcours chaotique (voir portrait en page 20) et s'est entouré d'une bande de pros aguerris jusque dans son casting (voir l'impressionnant défilé de guests dans le dernier quart). Seulement voilà, pour résumer gentiment on dira que Davy n'est pas Chabrol. Il s'est arrêté de tourner pendant vingt ans, et ce laps de temps ne se rattrape pas comme ça, à moins de s'appeler Malick (et encore plus gentiment, disons que Jean-François n'est pas Terrence). L'intention est noble (retourner à la source de ses premiers émois aventuriers, sentimentaux et cinématographiques), et pour un projet appréhendé "comme un premier film", le but est atteint, mais pas forcément dans le bon sens. D'une naïveté quasi désarmante dans tous les domaines abordés, Les Aiguilles Rouges alignent les belles vignettes comme les poncifs, et son rythme devient de plus en plus délétère. On attend désespérément qu'il s'y passe quelque chose, en vain, on essaie de supporter les gamins s'apostrophant en argot des sixties, en vain itou. In fine, Les Aiguilles Rouges donne l'amère impression de s'aligner sur un improbable cahier des charges de production Rhônes-Alpes Cinéma, devenant tellement inoffensif qu'on l'oublie aussitôt. FC