Torch Song Trilogy
PAUL BOGARTSeven 7
C'est quoi, au fait, une "Torch Song" ? Une chanson qui brĂ»le d'un amour sans retour. Alors trois chansons qui brĂ»lent en vain, il n'y a vraiment qu'au fond d'un cabaret de travesti Ă Broadway dans les annĂ©es 60-70 que vous pourrez les entendre. Surtout quand le travesti en question est juif, amoureux d'un indĂ©crottable bisexuel (si, si, ça existe), bientĂ´t veuf et parent d'un immigrĂ© pĂ©dĂ©. AdaptĂ©e d'une pièce autobiographique Ă succès, cette Torch song trilogy Ă©crite et jouĂ©e par Harvey Fierstein, inoubliable Arnold, et tournĂ©e en 1988 par un papy du tĂ©lĂ©film amerlock (Paul Bogart, 86 ans cette annĂ©e), vaut surtout par la modernitĂ© des thèmes qu'elle Ă©voque et sa façon de passer Ă la moulinette de l'humour juif tous les tabous contemporains. L'homophobie, l'homoparentalitĂ©, l'hypocrisie et la discrimination de la religion face Ă la sexualitĂ©, les rapports entre hommes quand les hommes sont aussi des hommes Ă femmes... Autant de sujets casse-gueule rarement abordĂ©s au cinĂ©ma qui sont ici montrĂ©s Ă nu, dans la vĂ©ritĂ© de chaque personnage et dans la cruditĂ© des situations et des dialogues (mĂŞme en sortant d'une backroom les fesse Ă©cartelĂ©es, Harvey Fierstein parvient Ă ĂŞtre drĂ´le). La comĂ©die, et les comĂ©diens, font le reste : Matthew Broderick trouve un de ses plus beaux rĂ´les en ange de passage, et Anne Bancroft parviendrait presque Ă nous faire aimer son personnage de mama juive insupportable. On termine le film le sourire aux lèvres et le cœur serrĂ© en se disant que la tranche de vie d'un travelo new-yorkais est bien plus riche et poignante que les biopics de stars frelatĂ©es dont on nous abreuve chaque semaine. LH