de Michele Placido (Ita, 2h28) avec Kim Rossi Stuart, Anna Mouglalis...
Le propos est éventé dès les panneaux introductifs : une fiction extrapolée autour d'un gang réel (la bande de la Magliana), dont la destinée résonnerait avec les heurts de sa société. Se lancer dans une vaste épopée mafieuse est courageux, tant les modèles se bousculent au portillon. Michele Placido semble avoir digéré ses glorieux parangons au point de ne pas trop s'embarrasser de cette lourde parenté. Les clins d'œil à Scorsese, à ce point légion qu'on préfère arrêter de les relever, s'ancrent dans une mécanique scénaristique (trop ?) bien huilée : les débuts naïfs, le succès facile, les petits excès amenant de grandes pertes, le glamour de l'interdit, et la chute, inexorable, de trahisons en règlements de compte. À vrai dire, le tout se laisse regarder sans déplaisir, en tiquant de temps à autre sur des clichés incunables qu'on croyait révolus depuis que les fictions télé novatrices s'en étaient mêlées. Las, les facilités narratives ont malheureusement la vie dure (aaaaaaah, le flash-back final...), tout comme les personnages passe-plat, tel ce commissaire de police campé par un Steffano Accorsi dont la sémillante moustache dissimule mal l'indigence. Les échos aux épisodes les plus douloureux de la récente Histoire Italienne viennent se greffer de façon un peu trop gauche, s'ajoutent au décorum ambitieux d'une fresque élaborée à gros coups de pinceaux par ses maîtres d'œuvre. Mais lorsque l'assoupissement guette à l'issue d'un dernier acte cousu de fil blanc, un monologue d'une effroyable lucidité vient remettre miraculeusement les pendules à l'heure ; parfait reflet d'un film en délicat équilibre entre une belle foi cinématographique en son vaste sujet et des maladresses malheureusement trop ostensibles.François Cau