L'envers de Drôle d'endroit

Mercredi 25 janvier 2006

Pas d'agapes festives du côté des Alizés pour la 15e édition de Drôle d'endroit pour des rencontres, mais une vitrine intègre et ressemblante du cinéma français.Christophe Chabert

À la création de Drôle d'endroit pour des rencontres (1991), le cinéma français était en plein renouveau. Le "jeune cinéaste" était la valeur en hausse depuis le succès d'Un monde sans pitié d'Eric Rochant et La Discrète de Christian Vincent. 15 ans plus tard, Les Alizés à Bron démarrent leur festival avec ce même Christian Vincent, cinéaste boulimique et insituable sur la carte du cinéma hexagonal. Et le concluent avec une autre personnalité à part : Tonie Marshall, qui a récemment fait une infidélité au grand écran en allant produire Vénus et Apollon, première série made in arte. Tout cela est à l'image de la programmation générale du festival : toutes les vitesses de la production et tous ces particularismes semblent représenter à l'exception, philosophique, des blockbusters qui pourtant se bousculent au portillon des écrans.La comédie populaireÀ force d'être imitée par moins talentueux qu'elle (dernièrement, l'horrible Anniversaire de Diane Kurys), Danièle Thompson va finir par être sympathique. D'abord figure incontournable du scénario choral (des Marmottes à Ceux qui m'aiment prendront le train), la fille de Gérard Oury est ensuite devenue cinéaste populaire grâce à La Bûche, sorte de film-manifeste : des personnages sociologiquement typés dans des situations de comédie à la lisière du (mélo)drame, avec un casting " surprenant" réunissant des acteurs d'horizons différents. Gros succès, compréhensible, que Thompson a gâché en tournant le très mauvais Décalage horaire, avec son improbable duo Binoche/Reno. Son nouveau film, Fauteuils d'orchestre (qu'elle présentera le samedi 28), ressemble à un mea culpa : retour à la ronde de personnages et à l'observation circonstanciée des "gens d'aujourd'hui".Le film d'auteur engagéL'an dernier, Le Promeneur du champ de Mars de Robert Guédiguian poussait à s'interroger sur les rapports entre le cinéma français et son Histoire récente. Cette année, l'excellent Philippe Faucon (Sabine, Samia) prend à son tour les devants en présentant le jeudi 26 La Trahison, œuvre très attendue sur la guerre d'Algérie, sujet maudit et longtemps tabou. En tant que productrice, Fabienne Godet peut se targuer d'avoir contribué au sein de Pyramide à la santé d'un cinéma d'auteur français ambitieux. Aujourd'hui, comme réalisatrice, elle règle son pas sur un cinéma politique et engagé, puisque Sauf le respect que je vous dois se penche sur les petits arrangements avec le monde du travail en entreprise (et Olivier Gourmet, comme il se doit, en tient le rôle principal). Avant-première le vendredi 27.Le cinéma très indépendantEn offrant une carte blanche à Agat Films (collectif de producteurs comprenant, notamment, Robert Guédiguian), Drôle d'endroit pour des rencontres entend faire découvrir la frange la plus indépendante du cinéma français, celle qui a le plus de mal à se frayer un chemin vers les écrans. Toutefois, la présence de Christophe Otzenberger, pionnier d'un renouveau du documentaire d'intervention avec sa Conquête de Clichy sur le peu fréquentable Didier Schuller, rappelle que ce cinéma travaille souterrainement à préparer le terrain à quelques succès inattendus (comme l'an dernier Le Cauchemar de Darwin).Drôle d'endroit pour des rencontresDu 25 au 29 janvierAu Cinéma Les Alizés (Bron)