Le Monde de Narnia
d'Andrew Adamson (EU, 2h20) avec Tilda Swinton, Georgie Henley, Skandar Keynes...
Sorte de Seigneur des Anneaux pour enfants américains obèses, Le Monde de Narnia, annoncé pour notre plus grande douleur comme le premier volet d'une trilogie, prend rapidement l'eau de toute part. Dès que les gnards du film traversent cette foutue armoire magique pour aller batifoler dans un univers héroïc fantasy où le sang ne coule jamais et où les animaux causent par la grâce d'un numérique omniprésent (Adamson, auparavant, avait réalisé Shrek, et c'était quand même autre chose !), on se sent d'un coup très vieux. Pas seulement parce que Narnia (que l'on a rebaptisé affectueusement ici Gnargna) s'adresse à des gamins dont le QI doit tourner autour de 15, mais aussi car ce cinéma archi calibré (Mr et Mme Castor, oh la la, ils sont rigolos ! Et la Sorcière, bah, elle est très méchante !), au scénario inepte et au-delà du prévisible, à la laideur ontologique et à la bêtise presque revendiquée ressemble de plus en plus au dépotoir des studios américains. En effet, pendant que Disney inonde de sous-Pixar (Chicken Little) et de sous-Jackson (cette daubasse-là ) le grand écran, elle produit pour le petit Lost et Desperate Housewives, soient les deux séries les plus novatrices de 2005. Nous qui sommes censés défendre le beau cinéma contre l'ogre télévisuel (c'est notre rôle de martyre : le rempart culturel !), il faut l'avouer : on n'est pas loin de déclarer forfait ! CC