Correspondance 1958-1994
CHARLES BUKOWSKI(Grasset)
Après Contes et Nouvelles, paru en 2003, et en attendant MĂ©moires et poèmes, qui clĂ´turera l'Ă©dition des œuvres complètes de Charles Bukowski, Grasset publie simultanĂ©ment un volume rĂ©unissant l'ensemble de ses romans (dont Women, Le Postier ou Pulp) et une anthologie de ses correspondances. Une activitĂ© Ă©pistolaire qui fait, comme chez d'autres grands Ă©crivains, partie intĂ©grante du processus d'Ă©criture. Bukowski Ă©crivait beaucoup (trop ?), sous toutes les formes, et la lettre est au mĂŞme niveau que la poĂ©sie, la nouvelle ou le roman, une des voix de son œuvre. Il en Ă©tait d'ailleurs conscient, au point qu'il prenait le soin d'envoyer certaines de ses missives en double Ă son Ă©diteur... Au fil des lettres et des annĂ©es, et en fonction des destinataires (Ă©diteurs, amis, Ă©crivains, amantes...), on retrouve la verve, la truculence et l'excès du "vieux dĂ©gueulasse", alcoolo patentĂ©, joueur, baiseur et provocateur. Mais l'intimitĂ© de la correspondance permet de dĂ©passer une image qu'il avait d'ailleurs lui-mĂŞme contribuĂ© Ă forger. Elle montre un Bukowski beaucoup plus nuancĂ©, un Ă©corchĂ© vif au parcours chaotique dont la seule consolation, la survie mĂŞme, dĂ©pend de l'Ă©criture : "La poĂ©sie est tout ce qui m'importe [...] Je sais, c'est romantique, prosaĂŻque, sans aucune utilitĂ© mais d'une grande importance. C'est un chemin que j'ai pris et je ne pense pas que je puisse m'en Ă©carter." Le scĂ©lĂ©rat obscène en devient (contre son grĂ©) attachant, et c'est avec beaucoup d'Ă©motion que l'on lit sa dernière lettre, pleine d'autodĂ©rision, datĂ©e du 25 fĂ©vrier 1994, Ă peine quinze jours avant sa mort.YN