Conte de cinéma

Mercredi 9 novembre 2005

de Hong Sang-soo (Corée du Sud, 1h30) avec Uhm Jiwon, Lee Kiwoo, Kim Sang Kyung...

Avec un titre pareil, on pouvait craindre le pire. Qu'on soit un inconditionnel du cinéma de Rohmer, soit, mais de là à pousser le vice aussi loin, tout de même ! Peu importe, passons cette introduction futile et place au film. Dès les premiers plans, rien de rassurant car à l'évidence, dans ce conte, les illustrations ne sont pas d'une beauté sidérante. On se met cependant à suivre avec un véritable intérêt cette histoire parfumée de mystère : un jeune homme, décidé à claquer l'argent qu'on lui a gentiment donné, tombe sur une amie d'antan au hasard d'une rue. Ensemble, ils vont choisir de mettre fin à leurs jours. Les heures passent. Eux, laissant de côté leurs sentiments troubles, déambulent dans la ville, discutent à la table d'un café, prennent une douche, le tout avec une nonchalance déconcertante. Puis, doucement, naturellement, le moment fatal arrive. On n'en est qu'au premier quart du film et on se demande alors quelle tournure vont prendre les événements. C'est ce moment qu'Hong Sang-soo choisit pour sortir d'un schéma narratif classique. Tout se mélange alors : réalité et fiction, vie et mort, jouissance et impuissance, image que l'on donne et image que l'on se fait, argent, clopes, bières et bons petits plats... Ça se mélange, oui, mais ça ne prend pas et la distribution, impeccable (notamment Kim Sang Kyung, déjà excellent dans Memories of Murder) rattrape comme elle peut des séquences qui s'éternisent en bavardages. Où le conteur veut-il en venir ? À l'image de son héroïne, il pourrait nous répondre "Je crois que vous avez mal compris le film". Peut-être, en effet, car on finit par décrocher, son art discutable de la narration ayant peu à peu supplanté l'histoire elle-même.Bruno Darmon