Solos d'amour

par
Mercredi 12 octobre 2005

JOHN UPDIKESeuil

John Updike est dĂ©cidĂ©ment infatigable. Ă€ presque 75 ans, il poursuit une œuvre colossale (un livre par an) dĂ©butĂ©e dans les annĂ©es cinquante avec la parution de son premier roman, La FĂŞte Ă  l'asile. Une œuvre notamment marquĂ©e par la saga d'un de ses personnages rĂ©currents, Harry Angstrom, surnommĂ© Rabbit, qui Ă©volue sur quatre dĂ©cennies et qui s'affirme comme le parfait alter ego de l'auteur. Un hĂ©ros que l'on croyait dĂ©finitivement enterrĂ© avec Rabbit au repos, paru en 1990. Updike fait de nouveau appel Ă  lui, ou plutĂ´t Ă  son souvenir, dans l'une des 13 nouvelles qui composent son nouveau recueil, Solos d'amour. En mettant en scène sa fille adultĂ©rine dĂ©boulant chez son ex-femme, il montre Ă  quel point il est difficile pour un homme, et pour un Ă©crivain, de tirer un trait sur le passĂ©. Un passĂ© revisitĂ© avec nostalgie dans l'ensemble de ces courts textes, qui abordent tour Ă  tour les grandes obsessions de l'auteur : l'amour, le dĂ©sir, l'ennui, la mĂ©moire. Certes, la fougue est un peu diluĂ©e, mais elle laisse la place Ă  une mĂ©lancolie Ă©mouvante, un regard bienveillant et sensible sur un temps rĂ©volu aux allures de paradis perdu. Il mĂŞle avec une très grande Ă©lĂ©gance, dans un style prĂ©cieux et souple, la description d'une AmĂ©rique oubliĂ©e et la chronique anecdotique des existences humaines. Un recueil de nouvelles aux allures de confidences intimes que l'on dĂ©guste avec la fièvre et l'Ă©motion d'un ultime rendez-vous, tout en espĂ©rant qu'il y en aura d'autres. YN