Lila dit ça

Mercredi 2 février 2005

de Ziad Soueri (Fr, 1h29) avec Vahina Giocante, Mohammed Khouas...

Ce sera peut-être la mode 2005 du cinéma français : adapter de mauvais livres pour surfer sur leur succès médiatique. Avant La Petite chartreuse et les best-sellers de Jean-Christophe Grangé, c'est donc Chimo et Lila dit ça qui ont droit à leur version ciné. Niveau adaptation, on ne s'est pas trop cassé : avalanche de voix-off et multiplication des scènes dialoguées à deux personnages, emballées dans une esthétique passe-partout à coups de steadycam et de couleurs numérisées en post-prod. Mais ce n'est rien par rapport au contenu du film, proprement ahurissant. Lila dit ça invente une sorte de porno pour toute la famille, où l'on parle de cul (mais surtout de "chatte" et de "baise") sans jamais rien en montrer, en l'entourant de quelques leçons de vie neuneu où il faut respecter sa mère, conserver des sentiments purs et accomplir sa passion... On croit rêver quand, sur la fin, la jeune femme libérée au langage cru se révèle être une vierge, ce qui rend inacceptable le viol dont elle a été victime. Question bête : et si ça n'avait pas été le cas ? De la sainte à la putain, il n'y a donc qu'un pas que le film nomme "acte sexuel". Derrière ses allures de bluette à la provoc' branchée, Lila dit ça fait tranquillement le lit d'une pensée ouvertement réac' et moralisatrice. CC