Un petit jeu sans conséquence
de Bernard Rapp (Fr, 1h28) avec Sandrine Kiberlain, Yvan Attal, Jean-Paul Rouve, Marina Foïs...
Il avait adapté deux romans pour ses deux premiers films (Tiré à part et Une affaire de goût). Après son premier scénario original (Pas si grave, pas si mal malgré l'échec public), Bernard Rapp revient à l'adaptation, celle d'une pièce de théâtre à succès. Ça n'aurait pu être qu'un gentil matériau de boulevard, mais grâce à son travail de réécriture (Rapp est passé de 5 à 18 personnages et a changé tous les acteurs), ce petit jeu a grandi en subtilité. Dans un lieu unique (une maison et son parc), il réussit à faire peser chaque personnage dans le balancier de l'hypocrisie sociale qui accompagne un couple en train de se prendre au mot d'adieu. Bruno et Claire (Sandrine Kiberlain, vulnérable et déterminée à la fois, épatante) annoncent qu'ils se séparent pour voir la réaction de leurs proches. La réaction ne se fera pas attendre : le regard des autres ne va pas tarder de tuer ce qu'il reste du couple. Film choral où chacun saura trouver l'autre en qui se reconnaître dans un miroir, même sans se l'avouer, ce Petit jeu acquiert peu à peu sous la légèreté de la comédie la noirceur et la cruauté chères au grand lecteur de polars qu'est resté Bernard Rapp. Dommage alors que le dialogue n'ait pas été porté par plus d'acidité, d'autant que la brochette de comédiens est aux petits oignons : Jean-Paul Rouve et Marina Foïs en empêcheurs de tourner en rond apportent un décalage bienvenu dans cette comédie familiale, et Lionel Abélanski parvient à faire de son joyeux raté de Patrick un rôle véritablement émouvant. LH