DAVID LYNCH

par
Mercredi 19 septembre 2007

INLAND EMPIRE/Twin Peaks, saison 1

Studio Canal/TF1 vidĂ©oLa sortie quasi-simultanĂ©e de son dernier film et de la première partie de sa grande œuvre tĂ©lĂ©visuelle permet de mesurer ce qui, en une vingtaine d'annĂ©es, reprĂ©sente la rĂ©volution David Lynch. Dans Twin Peaks, le classicisme hitchcockien de la mise en scène est progressivement trouĂ© par des dĂ©tails tordus et des figures Ă©tranges, manifestations d'un monde parallèle qui aurait besoin de nombreux passeurs ; dans INLAND EMPIRE, ces deux mondes s'interpĂ©nètrent constamment, et les frontières sont de plus en plus discrètes. Seule la mise en scène, furieuse, souveraine, archi-contemporaine, orchestre le basculement d'un plan Ă  l'autre, du rĂŞve Ă  la rĂ©alitĂ©, du passĂ© au prĂ©sent. Dans Twin Peaks, le portrait de femme en crise se construit au passĂ© par le tĂ©moignage de ceux qui l'ont connue. Mais Dans INLAND EMPIRE, un seul personnage, celui de Laura Dern, incarne avec le mĂŞme visage toutes les figures de la fĂ©minitĂ©, mère Ă©plorĂ©e, Ă©pouse adultère, femme sexuellement libĂ©rĂ©e... LĂ  oĂą la tĂ©lĂ©vision Ă©tait un champ d'exploration pour multiplier les intrigues et recrĂ©er une ville entière avec tous ses habitants, la vidĂ©o numĂ©rique offre Ă  Lynch un autre laboratoire : la possibilitĂ© de faire cohabiter dans un mĂŞme plan plusieurs rĂ©gimes de reprĂ©sentation, plusieurs strates de sens et de sensations. La durĂ©e exceptionnelle (8 heures dans Twin Peaks, 3 dans INLAND EMPIRE) sont le mĂŞme signe de ce travail jamais achevĂ© et pourtant incroyablement cohĂ©rent. On pourrait en parler des heures - et c'est peut-ĂŞtre ça, la vraie rĂ©volution lynchienne !CC