La Forêt de Mogari

Mercredi 7 novembre 2007

de Naomi Kawase (Japon, 1h37) avec Shigeki Uda, Machiko Ono...

C'est le mystère le plus opaque du dernier festival de Cannes : comment un jury peut mettre presque sur le même plan un film audacieux mais profondément respectueux du spectateur comme 4 mois, 3 semaines, 2 jours et une arnaque auteurisante comme La Forêt de Mogari ? C'est rageant car tout le travail, nécessaire, de sensibilisation du public (non, le cinéma d'ailleurs ce ne sont pas que des films en plans fixes moches sur des gens qui ne font rien) est mis par terre avec cette bête confusion des valeurs. Car Mogari n'est qu'une caricature de cinéma exigeant : l'argument (une jeune femme et un vieillard réunis par leur commune impossibilité à faire le deuil) s'échoue sans arrêt sur les intentions prétentieuses d'une cinéaste qui se regarde filmer. Le début, stérile à force de se vouloir contemplatif, n'est rien par rapport à la suite, où les personnages s'enfoncent dans la forêt : la subtilité pachydermique avec laquelle Kawase fait surgir le traumatisme (un stock shot d'une cascade, une interminable crise de larmes) ou fait passer son discours avant la logique élémentaire de son récit (ils meurent de froid, ils se dépoilent pour se réchauffer !) est proprement révoltante. Et ce pauvre cameraman qui souffre le martyre, s'enfonçant dans la boue ou se prenant les branches des arbres dans les pentes, détail presque burlesque mais totalement involontaire d'une réalisation inepte ! CC