La Chambre des morts
d'Alfred Lot (Fr, 1h55) avec Mélanie Laurent, Eric Caravaca, Gilles Lelouche...
La plaisanterie serait amusante si on ne nous l'avait pas déjà faite une dizaine de fois cette année. En même temps, regarder sérieusement ce thriller, c'est aussi se condamner à quitter la salle avant la fin. Car rien ne tient debout : Alfred Lot, voulant probablement rendre réaliste le quotidien de la police française, passe presque une heure à filmer des flics autour d'une table, devant un paper board, sursautant quand la femme de ménage les réveille... Et pendant ce temps-là , un tueur se planque peinard avec une petite fille diabétique dans ses griffes. Le film fait ainsi la cuisante expérience de l'incapacité d'adapter les modèles américains à la réalité française, et reconnaît implicitement sa méconnaissance des codes du genre (on est plus proche de Julie Lescaut que de Seven). De plus, ses choix sont systématiquement contestables, notamment quand de l'action pointe enfin le bout de son nez : caméra secouée dans tous les sens pour donner une sensation de panique, inserts subliminaux sur des images horrifiques avec gros effets sur la bande-son, comédiens en roue libre pour semer le trouble (mention très spéciale au gardien de zoo). Mais on n'a pas encore dit le comble du comble : le film se paye le luxe de plagier littéralement Le Silence des agneaux, notamment deux de ses scènes les plus célèbres. Évidemment, comme c'est fait n'importe comment, le film finit surtout par se payer la honte ! CC