Lions et agneaux

Mercredi 28 novembre 2007

de et avec Robert Redford (ÉU, 1h30) avec Tom Cruise, Meryl Streep...

Que faire d'un tel film ? Impossible de ne pas souligner que l'on y entend des échos à nos inquiétudes du moment (comment media, politiques et industrie du loisir provoquent une démobilisation citoyenne de la jeunesse, préparant ainsi la chair à canon des guerres de demain). Impossible cependant de passer sous silence son indigence cinématographique, la mise en scène étant sacrifiée sur l'autel d'un propos engagé. Le courage de Redford, indéniable, ne suffit pas, et Lions et agneaux vire au tract politique utilisant la ficelle du pathos pour imposer ses convictions. Soit il se contente de filmer sans relief des conversations dans un bureau, celle d'un prof vieillissant et progressiste tentant de remobiliser un étudiant brillant mais fataliste, ou celle d'un sénateur républicain aux dents longues tentant de vendre à une journaliste blasée "l'histoire" d'une victoire éclair en Afghanistan pour faire oublier le bourbier irakien ; soit il torche un combat dans une montagne afghane de manière pour le moins cheap et minimaliste. Dans tous les cas, le film affiche une absence d'ambition formelle assez dramatique. On comprend bien que Lions et agneaux est un contrepoint cinématographique salutaire à la propagande télévisuelle des chaînes d'info. Mais ce cinéma conscient est en définitive aussi pète-couilles à regarder que le rap du même nom à écouter : donner des leçons est une chose, le faire avec finesse en est une autre. Reste cependant le plaisir pervers de voir Tom Cruise en clone yankee de notre Sarko national : de l'œil patriote mouillé au "je dois donner une victoire au pays pour redonner la confiance à mon peuple", le mimétisme est franchement saisissant !Christophe Chabert