Brèves rencontres
Bon cru en perspective pour Drôle d'endroit pour des rencontres, le festival dédié au cinéma français des Alizés à Bron, avec des films prometteurs, d'autres déjà aimés et des invités de qualité.CC

Photo : "J'ai toujours rêvé d'être un gangster"
Nous ne nous étions guère attardés l'an passé sur Drôle d'endroit pour des rencontres, tant l'édition 2007 avait dû se contenter d'une production française médiocre. C'est la loi du genre : faute de grives, on mange des merles, et les programmateurs n'y peuvent mais. Réjouissons-nous : en 2008, le festival retrouve des couleurs et aligne une belle brochette de films très stimulants, tous bien accompagnés par leurs auteurs ou leurs comédiens. Commençons par le réchauffé, à savoir les films déjà sortis : le formidable Persépolis, qu'on ne présente plus, et le très plaisant Et toi, t'es sur qui, film d'ados signé par la jeune et prometteuse Lola Doillon, qui propose une alternative crédible à un genre généralement trusté par les Américains. Ni auteurisant (à l'inverse du discutable et surestimé Naissance des pieuvres), ni démago, juste intelligent, il mérite vraiment d'être redécouvert. Sa réalisatrice sera d'ailleurs à Bron pour le défendre.Les choristes du cinéma françaisPassons ensuite aux avant-premières, qui dessinent une variante de registres et de styles laissant espérer le meilleur. Avec Janis et John, Samuel Benchétrit avait réussi une fantaisie colorée aux défauts nombreux mais à la maîtrise et à la santé indiscutables. Point de couleurs dans J'ai toujours rêvé d'être un gangster, pas d'intrigue linéaire, non plus, mais une série de sketchs en noir et blanc reliés par le concept du titre et servis par une chouette galerie d'acteurs (Édouard Baer, Bouli Lanners, Alain Bashung). Un Jarmush français ? Les histoires s'entrecroisent aussi dans l'ambitieux nouveau film-chorale de Cédric Klapisch, Paris, fresque du quotidien au casting dément (Duris, Binoche, Luchini, Cluzet, Dupontel...) qui on l'espère fera oublier ses tristes Poupées russes. Philippe Faucon, un des plus discrets mais aussi des plus intéressants cinéastes français (souvenez-vous de Sabine) pose à nouveau sa caméra dans la France d'aujourd'hui après son film sur la guerre d'Algérie, La Trahison. Du coup, la curiosité est grande de découvrir Dans la vie. Philippe Ramos, de son côté, fait le trajet inverse : après des films (très ? trop ?) intimistes, il adapte carrément Herman Melville pour un Capitaine Achab avec Denis Lavant dans le rôle-titre. Pour finir, on est très heureux qu'Alain Gomis vienne présenter à Bron L'Andalucia, quatre ans après que son court-métrage Petite lumière a été aimé et primé à Villeurbanne. La preuve que, à l'inverse de ce que semble penser le ministère de la Culture en ce moment, les festivals de cinéma sont un réseau vital pour l'émergence de nouveaux talents !Drôle d'endroit pour des rencontresAux Alizés de BronDu 23 au 27 janvier