Big Jim, grand écrivain
Événement / Le grand Jim Harrison est de passage à Lyon pour une rencontre qui promet beaucoup du fait de l'incroyable fascination qu'exercent l'œuvre et la personnalité de l'écrivain américain sur son (large) public. Yann Nicol

Photo : (c) Mathieu Bourgois
Jim Harrison fait partie de ces écrivains américains dont la renommée est plus importante en France que dans son propre pays. Alors que les États-Unis ont tendance à le bouder, il connaît dès ses premiers livres un succès retentissant, qui ne se démentira plus, auprès des lecteurs français. Mais qui est donc Jim Harrison ? La perte de son œil gauche dans une bagarre de voisinage à l'âge de 7 ans, la mort de son père et de sa sœur dans un accident de la route, son penchant pour la bouteille et la bonne chère, ainsi que son amour de la chasse et de la pêche ont contribué à forger la légende de l'«ours du Michigan» qui nous le rend si attachant. Mais s'il est aujourd'hui un véritable mythe, c'est avant tout par le prisme d'une œuvre dense et protéiforme, entamée au début des années 70 par la publication de plusieurs recueils de poésie et dont le dernier opus, sorte de roman testament, a paru l'année dernière sous le titre symbolique de Retour en terre. Un livre dans lequel on retrouvait de nombreux thèmes chers à l'auteur de Un bon jour pour mourir : les relations familiales, le lien à la nature, la culture indienne, la transmission entre les hommes et les générations, l'amour et, bien sûr, le rapport à la mort...Chien Brun, Burkett et les autres...On retrouve, dans ce roman bouleversant, le dénommé David Burkett, l'un des personnages récurrents de Jim Harrison qui était déjà le héros de l'envoûtant De Marquette à Vera Cruz. Il est, avec Chien Brun, l'Indien du Michigan croisé dans En route vers l'ouest ou L'Été où il faillit mourir, l'une des figures symboliques d'une œuvre qui, outre de nombreux romans, est aussi constituée de recueils de nouvelles. Légendes d'automne, que toutes les adolescentes des années 90 ont en mémoire pour l'adaptation cinématographique dont ce texte a fait l'objet avec Brad Pitt, est sans doute le plus connu d'entre eux. Pour notre part, on est particulièrement fan de Julip, un recueil où l'art narratif d'Harrison est tout simplement à son apogée...N'oublions pas qu'au travers de ces différents livres, Big Jim a aussi dessiné un portrait sans concession de l'histoire des États-Unis. Dalva nous menait ainsi, à travers la chronique d'une famille sur cinq générations, de la guerre de Sécession à celle du Viêt-nam. Pas étonnant que certains de ses compatriotes aient choisi de l'ignorer... Gageons que sa présence dans nos contrées lui permettra de savourer de bonnes tables, et que le public n'aura qu'une hâte : en savoir plus sur cet homme malgré tout très mystérieux. Pour cela, on ne saurait trop leur conseiller la lecture de ses Mémoires, En Marge, ou du fascinant dictionnaire que vient de lui consacrer Brice Matthieussent, son traducteur en français : Jim Harrison de A à X.Jim Harrisonà l'Institution des Chartreux (58 rue Pierre Dupont, Lyon 1er)Le 13 novembre à 19h30