Vertige de la création

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Mercredi 26 septembre 2007

Musique / Le compositeur Thierry Escaich est en résidence pour trois saisons à l'Auditorium. Une bonne nouvelle pour le public lyonnais. Pascale Clavel

Thierry Escaich ne se contente pas de créer «à la façon de», mais aborde la composition de manière tout à fait singulière. C'est un mystique dans son temps, un créateur d'espace ni tonal ni atonal, un insatiable chercheur d'univers sonores en trompe l'œil, un rythmicien hors pair. Ses trois saisons à l'Orchestre National de Lyon seront jalonnées par trois créations mondiales. Petits rappels : Après avoir obtenu huit Premiers prix au conservatoire de Paris, ce boulimique de travail mène parallèlement une carrière d'organiste, de pédagogue, d'improvisateur, de compositeur. En 2003, il reçoit une Victoire de la Musique dans la catégorie Compositeur de l'année. Il est l'auteur d'une quarantaine d'œuvres d'une rare diversité : pour orgue, pour orchestre symphonique, pour orchestre de chambre, puis encore des œuvres religieuses vocales. En fait, en contrepoint, ses œuvres s'éclairent les unes les autres. Rencontre.Trois saisons en résidence pour trois créations. Ce temps imposé est-il source de jubilation ou d'angoisse ?Thierry Escaich : C'est surtout une extraordinaire motivation pour essayer d'aller dans d'autres directions que celles que l'on a déjà exploitées. J'ai maintenant un catalogue orchestral d'une quinzaine de pièces dont certaines (comme le concerto pour orgue) sont assez souvent jouées à l'étranger. Donc, je dois aller encore plus loin dans la force de l'expression mais aussi dans la recherche de nouvelles couleurs si je ne veux pas me «plagier» moi-même.Pour cette première saison, l'Orchestre National de Lyon vous a commandé une œuvre pour Mezzo-soprano et orchestre. Pouvez-vous dévoiler quelques-unes de vos intentions ? Le texte, l'ambiance, les couleurs...J'ai justement voulu prendre des textes qui, (à la différence de certaines pièces antérieures comme Vertiges de la croix ou Le Dernier Evangile) ne s'appuient pas sur une recherche d'une certaine couleur mystique mais m'amènent à mettre en musique des univers plus fantastiques. En fait, ce seront des sortes de rêveries hallucinées, tirées aussi bien de Victor Hugo, que d'Henri Michaux et, certainement aussi, un jeune poète contemporain.Que diriez-vous de votre œuvre au public lyonnais qui ne vous connaît pas si bien que ça ?Certains m'ont déjà entendu, aux cotés de musiciens de l'orchestre, la saison dernière, dans quelques-unes de mes œuvres de chambre. Ce fut pour moi une superbe expérience. J'ai essayé de faire partager au public cette énergie créatrice qui m'anime lorsque j'improvise, ces longues progressions formelles où je souhaite les emmener, ce lyrisme particulier qui m'anime. J'espère que je saurai trouver les moyens les plus efficaces pour transmettre ce monde intérieur en gardant toute la spontanéité de l'idée originelle malgré les longs mois de travail.