Rap / Fonctionnement clanique, amour des sabres et de la joute virile, la grande question avec le Wu-Tang Clan pourrait être, à l'instar des immortels d'Highlander : s'il ne pouvait en rester qu'un ? RZA ? Ol' Dirty Bastard (dont le coefficient d'immortalité a pâti en 2004 d'une crise cardiaque fatale) ? GZA ? Raekwon ? Ghostface Killah ? Chacun y aura en tout cas été de ses escapades en solitaire. Mais à ce petit jeu, il y a fort à parier que ce soit Method Man qui s'en tire le mieux parmi cette horde de moines belliqueux. Car si RZA le savant fou est l'âme du Clan, Method Man en est l'incarnation, le frontman qui, dès le premier album collectif, Enter the Wu-Tang (36 Chambers) (1993), s'affranchit de la meute pour avoir droit à « son » morceau, M.E.T.H.O.D Man. Rapidement, Meth' (de son vrai nom Clifford Smith) opère une jonction entre le kung-fu hardcore des Wu, alors rois de l'underground, et des productions à même de séduire les charts. Son premier album solo Tical (1994), produit par l'incontournable RZA, toujours là pour faire bouillir la marmite à sons, atteint d'ailleurs le million d'exemplaires et reste sans doute l'une des meilleures saillies solo du gang Wu-Tang. On peut certes lui préférer, selon les temples qu'on fréquente, les albums admirables de Ghostface ou le timbre salopard d'Ol' Dirty Bastard, rompu à l'acoustique carcérale, mais Method Man, à l'aise sur tous les terrains, du hardcore au r'n'b, aura, si l'on excepte Tical 0 : The Prequel (2004), rarement déçu au long de sa discographie. Comme en témoigne d'ailleurs son dernier disque 4:21... The Day After (2006), aussi copieux que le flow de son auteur. Mais surtout Meth' est un showman de haut niveau, acteur à ses heures (quelques navets à son actif, où il ferait passer les frères Wayans pour des disciples de Stanislavski), capable de dynamiter une salle sans le moindre appui logistique. Le Transbo ne devrait pas échapper à quelques belles séances de crowd surfing. Prière de s'échauffer les biscotos : même seul, l'animal pèse son poids. SD
