Bâtards sans cible
Musique / Rappelons le contexte : une année entière à écouter comme des malades Bâtards sensibles, à mettre l'intro de Dans le club en sonnerie sur nos portables, à avoir osé le pogo endiablé pendant les concerts du Ninkasi, risqué la mort par asphyxie lors de celui des Nuits Sonores... Autant dire que la sortie du nouvel album de TTC était attendue avec une confiance aveugle, les dithyrambes déjà prêtes à se déverser telles une rivière d'amour envers ces fabuleux rappeurs français. Première écoute de 3615 TTC : ... Bon, à attendre trop d'un disque, on ne peut qu'être déçu, se dit-on. Alors deuxième écoute. Et là, pas de doute, la chose est presque intégralement foirée. What the fuck ? Pourtant, les différences entre ce disque pourri et son prédécesseur génial paraissent minces : production électro inventive, textes provo déclinant à foison la sainte trinité culfrimefête... À y regarder de près, 3615 TTC est en fait une sorte de mauvaise parodie de Bâtards sensibles, sa reprise paresseuse et cynique : pour quelques éclairs textuels, on a droit à des tartines de lyrics régressifs planqués derrière un très hypocrite deuxième degré. Pour un sample un peu chiadé, on doit se coller des morceaux entiers aussi pauvres musicalement qu'un hit de M Pokora. Et pourquoi Tido Berman, Kuizinier et Teki Latex ont-ils eu cette idée absurde de pousser leurs producteurs Para-One et Tacteel à chanter, alors qu'ils ont le flow et le charisme d'un escargot bègue ? On sait que le groupe a un orgueil et une ambition démesurés... Mais cet album opportuniste et mercantile, qui oublie un peu vite que Bâtards sensibles ne se résumait pas à un médiocre concours de bites, entame méchamment leur crédit. Vous savez quoi ? Ça donne envie de pleurer...Christophe ChabertTTCAu Loft mercredi 14 mars«3615 TTC» (V2)