Turak en grande forme

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Mercredi 29 novembre 2006

Théâtre / Finis les spectacles miniatures. Turak se propose de réinventer l'intime, sur de grands plateaux. La compagnie, en résidence aux Subsistances, a décidé de «sortir» de son pays imaginaire (la Turakie), pour explorer de nouveaux territoires : les îles. «Tout en gardant cet univers poétique particulier et propre à Turak», précise d'emblée Emili Hufnagel, assistante à la mise en scène. Le théâtre d'objets de Michel Laubu n'a pas foncièrement changé : un monde de bric et de broc, peuplé de personnages fantastiques et attachants, de vieux canapés désossés et de chaises branlantes, avec un bricolage à vue. Mais il a assurément évolué : les marionnettes ont aujourd'hui des visages uniformisés et le texte fait son entrée. Un texte qui, quand on y regarde de plus près, est davantage une parole dite, qui tente de trouver sa place aux côtés d'une écriture visuelle et d'une dramaturgie poétique. Intimae, c'est le nom de la nouvelle création, repose sur un trio de marionnettes, une petite tribu insulaire qui n'a d'autre choix que de se croiser, de vivre ensemble. Une saga familiale résolument placée sous le signe du détournement d'objets, mais aussi de la vidéo et de l'opéra. Si vraie révolution turakienne il y a, on la trouve dans le discours qui accompagne ce nouveau projet. La compagnie s'est apaisée, ne revendique plus avec force son statut de théâtre d'objets pour adultes et commence à trouver sa place naturelle dans les programmations. Un «théâtre ornithorynque» qui a déjà ému le public à plusieurs reprises. Reste à savoir aujourd'hui si en parlant à tous, Turak réussit encore s'adresser à chacun. Dorotée AznarIntimae. (petits opéras obliques et insulaires)Michel LaubuTurakAux Subsistances, jusqu'au 30 novembre