De l'art ou du cochon

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Mercredi 4 octobre 2006

Affaire / Tout a commencé le 11 septembre 2001, quand un habitant de Saint-Romain au Mont d'Or, petite commune voisine de Lyon, voit les tours jumelles s'effondrer. Thierry Ehrmann, homme d'affaires millionnaire et féru d'art, décide à cette date de transformer en lieu d'apocalypse l'ancien relais postal qui sert de siège social à son entreprise. Les murs se couvrent alors de noir, de visages de terroristes, des carcasses d'avion envahissent son jardin ; un décor sombre et imposant apparaît peu à peu. Mais un problème se pose assez vite car ce "Ground Zero" n'est pas au goût de Pierre Dumont, maire "divers droite" de Saint-Romain, pour qui le code de l'urbanisme n'est pas respecté. En effet, les œuvres d'art supérieures à 12 mètres et à 40m3 nécessitent une autorisation, ce à quoi Thierry Ehrmann rétorque qu'il s'agit pour son cas de 2500 œuvres de petite taille. L'élu l'attaque devant les tribunaux, la presse s'emballe, tandis que la modification du bâtiment se poursuit, avec la participation de nombreux artistes. Un premier jugement condamne alors Thierry Ehrmann et donne raison au maire, qui souhaite voir la maison retrouver son aspect initial. Mais son propriétaire n'en reste pas là et saisit la cour d'appel, laquelle a estimé le mois dernier qu'il n'y avait pas lieu d'"ordonner les mesures de restitution des lieux", pour lesquels une procédure de classement est en cours au ministère de la Culture. Condamné à payer une amende de 200 000 euros pour avoir entamé des travaux sans autorisation préalable, Ehrmann est néanmoins autorisé à conserver son œuvre. La rixe ne touche pourtant pas à sa fin. Le maire, déterminé, vient d'introduire un pourvoi en cassation, avec le parquet général de Lyon, contre la décision prise en appel. Le devenir de la Demeure du Chaos à nouveau soumis à la justice, l'affaire reste à suivre.Dalya Daoud