Expo / Le portrait demeure l'un des genres artistiques des plus explorés. Les feux de l'actualité lyonnaise sont braqués sur les portraits de Bettina Rheims, mais il y a à Lyon plusieurs petites expositions, alternatives et intéressantes, déclinant ce genre usité... Au Réverbère (jusqu'au 15 juillet), le photographe Jean-Claude Palisse présente six grands portraits noir et blanc placés sous "Haute Tension". Ce sont des visages d'anonymes aux regards soigneusement mis en scène, "collés" sur un environnement urbain plus ou moins perceptible (un escalator, une façade d'immeuble...). La tension des images provient de leur division en quatre panneaux, de l'incertitude des regards, et surtout des contrastes poussés à l'extrême : les visages vont alors jusqu'à se confondre, s'évanouir parmi le paysage urbain. Disparition ou risque de disparition de l'individu parmi son milieu d'existence... Les faciès d'adolescents de Christa Maiwald sont quant à eux brodés à la main sur des coussins ou des morceaux de tissu. "Ma technique - fils et nœuds apparents -veut refléter la vie émotionnelle et la sexualité naissante des jeunes", écrit l'artiste américaine dont c'est, au Bureau pour l'art contemporain et jusqu'au 22 juillet, la première exposition personnelle en France. Tension là aussi des portraits effilochés, parfois évidés, des corps en devenir et en équilibre sur le fil entre passé et avenir. Tension toujours avec les autoportraits d'Estela Torres à la galerie Dettinger-Mayer, jusqu'au 8 juillet. L'artiste (née en 1966 au Mexique et résidant à Lyon) se met littéralement à nu, tordant, désarticulant et poussant son corps jusqu'en ses ultimes retranchements. Dans une veine expressionniste proche d'Egon Schiele, Estela Torres cherche à se dire autant qu'à briser les frontières de l'identité, se dénude autant qu'elle se cache, crispe son corps autant qu'elle le met en mouvement dans des poses acrobatiques etou érotiques. Jean-Emmanuel Denave