Cirque du tapis

Mercredi 5 juillet 2006

Entretien / Le festival des 7 Collines accueille le bondissant Taoub, né de la rencontre entre des acrobates de Tanger et Aurélien Bory, qui a écrit et mis en scène le spectacle.Propos recueillis par Dorotée Aznar

Comment est né ce spectacle ?Aurélien Bory : Taoub a été créé à l'initiative de l'institut français du Nord Maroc. On m'a proposé de travailler avec des acrobates de Tanger et d'y mêler un acte de création contemporaine. Taoub a été créé à Tanger, les premières auditions ont eu lieu en juillet 2003 et la première du spectacle le 18 juin 2004. C'était ma première pièce de commande et surtout une grande aventure humaine. Taoub signifie tissu, pourquoi ce titre ?J'utilise le tissu dans un sens double. Il y a le tissu comme matière en soi : la toile de parachute, la toile de trampoline, les tissus en licra, les tapis, les vêtements. Il y a également la métaphore du tissu comme lien familial. Sur le plateau, il y a douze personnes ; les acrobates fonctionnent en groupe. Au Maroc, c'est un peu pareil : une personne seule est en danger, c'est le groupe qui compte. Enfin, ma façon de travailler le théâtre est proche du tissage. J'essaie de faire le lien entre danse, théâtre, cirque, vidéo...D'ailleurs, l'acrobatie côtoie la musique, la vidéo...Mon principe est simple : l'acteur fait tout. Il est acteur et manipulateur, il fait la musique... Rien n'est enregistré et le spectacle est recréé à chaque représentation.La distribution de Taoub est essentiellement masculine...J'ai eu beaucoup de mal à trouver des filles acrobates et énormément de chance de rencontrer celles qui jouent dans le spectacle. Dans Taoub, je voulais parler un peu de la femme marocaine mais sans donner de leçon, je ne mène pas un combat pour la femme. De plus, quand on ne connaît que partiellement une culture, on risque de devenir général, c'est ce qu'il y a de pire. Je préfère toucher à l'universel, essayer de prendre des éléments de la vie quotidienne des acteurs, les mettre sur scène et les laisser regarder. Je ne veux surtout pas porter de jugement !