Le monde ne suffit pas

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Mercredi 5 avril 2006

Festival / Drôle de terme que celui de "world music" qui sent la fashion victim de la mondialisation, comme si sorti de l'Anglais et du Français, il n'y avait plus que "les restes du monde" comme on dit chez Groland. De cette vaste zone indéfinie, l'Auditorium a choisi de faire un atout, en jouant à fond la carte du métissage et de l'interaction entre les musiques. La bonne nouvelle avec ce festival D'un monde à l'autre qui concentre sur trois jours l'ancienne programmation des Nuits de musiques du monde étalées sur une saison, c'est qu'il ne s'agit pas d'offrir un paysage éclectique de plus des musiques traditionnelles, mais de confronter les approches et les pratiques. Les instruments authentiques côtoient l'électronique, la guitare flamenca et l'orchestre symphonique, et aux pointures internationales (Titi Robin, Juan Carmona, Tomatito, Ousmane Touré de Touré Kounda ou Mory Kante) se mêlent formations régionales issues du tremplin 2005 organisé par l'Auditorium en amont du festival. Le résultat, ce sont trois journées thématiques (L'Andalousie jeudi, De l'Inde aux Balkans vendredi et Terres d'Afrique samedi) avec tout au long un festival off gratuit dans les bars. À ne pas manquer, la soirée de vendredi qui verra la rencontre inédite entre Juan Carmona et l'Orchestre national de Lyon sous la direction de Jun Märkl, puis la venue de Tomatito, guitariste hors pair de flamenco aux saillies légendaires (son dernier album, Aguadulce, est une petite merveille). Moins connue et tout aussi remarquable, la malienne Madina N'Diaye, joueuse de kora, instrument emblématique des mélodies mandingues autrefois réservé à la caste masculine des griots, viendra enfiévrer le chapiteau de l'Auditorium de sa musique festive et engagée. D'un sexe à l'autre, c'est tout un monde. LHD'un monde à l'autre du 30 mars au 1er avril