Monstre gentil

par
Mercredi 7 décembre 2005

Musique / Ce n'est plus à démontrer : Mathias Malzieu est un honnête homme. Depuis ses premiers pas avec ses camarades de Dionysos, il a accompli ce parcours sans-faute qui conduit un petit rock band drômois vers les sommets de la popularité sans faire aucun compromis, inventant pas à pas un style et une légende, celle de concerts colossaux où il déployait une énergie démentielle pour allumer le feu, même quand il était cloué sur une chaise par une mauvaise fracture ou quand il renonçait à l'électricité pour faire ressortir la puissance de ses compositions. Honnête homme aussi quant à ses références (musicales, des Beastie Boys à PJ Harvey ; cinématographiques, de Tim Burton aux westerns classiques...) et ses amitiés (récemment Joann Sfar, auteur de BD génial et nouveau maître à penser, qui assure le design des pochettes). C'est Sfar qui a refilé à Malzieu le virus du ukulélé, avec lequel il a composé les titres les plus originaux de Monsters in Love, nouvel album étonnant, rock au réveil, tendre au coucher ; le disque idéal, comme on parle de gendre idéal. Même les textes naïfs de Malzieu, avec leurs métaphores d'enfant espiègle, leurs emportements d'adolescent et leurs tristesses de gosse endeuillé (la perte de sa mère, qui avait déjà accouché d'un roman, est la matrice de Monsters in love, où l'exorcisme est autant film d'horreur, avec monstres imaginaires ou réels, qu'intérieur), trouvent ici une nouvelle dimension. On pourrait dire que Dionysos a grandi depuis Coccinelle... Mais ça ne serait pas tout à fait vrai, tant c'est justement son éternelle jeunesse qui fait le prix et la saveur du groupe, ce que son concert au Transbordeur, où il tentera de reproduire le joyeux bric-à-brac du disque, devrait encore venir confirmer.CCDionysosAu Transbordeur le 5 décembre"Monsters in love" (BarclayUniversal)