Les croisés du numérique
Festival / Pour sa quatrième édition, Cinéma Nouvelle Génération connaît un nouveau déménagement et se déroule maintenant début juillet. Le concept reste le même, et par-delà la compétition, permet de poser la question du devenir numérique du cinéma.Christophe Chabert
Après avoir tenté l'environnement hi-tech de la Cité Internationale puis celui, urbain, de la Place des Terreaux et enfin, l'an dernier, l'horizon presque bucolique de L'Embarcadère, le festival Cinéma Nouvelle Génération change pour la quatrième année consécutive de décor. Cette fois-ci, ce sont Les Subsistances qui lui ouvrent leurs portes quatre jours durant. Cette énième délocalisation s'accompagne d'un changement important dans le principe du festival : toutes les projections deviennent gratuites, ce qui pourrait enfin permettre à l'événement de trouver un public, pour l'instant encore limité. Car le concept (organiser un festival entièrement dédié au cinéma numérique, avec quand même une prédilection pour les formes "pauvres", DV plutôt que haute définition) a trouvé une pertinence au fur et à mesure où la question du numérique se répandait dans toutes les strates de l'industrie cinématographique. Aujourd'hui, tous les festivals de court-métrage se posent aujourd'hui la question d'inclure ou non dans leurs sélections des films tournés en DV et non kinescopés (donc diffusés en numérique) tandis que les exploitants s'essayent aux premières expériences de e-cinéma (projection en numérique haute-déf') et de d-cinéma (du DVD retroprojeté sur un écran de cinéma). Les 8 Nef possèdent leur salle de e-cinéma (où l'on a pu voir le dernier Star Wars), Le Cinéma impasse Saint-Polycarpe s'est discrètement mis au d-cinéma (pour Peau de cochon, notamment) et Les Alizés à Bron ont accueilli Saraband de Bergman et son opérateur numérique spécialisé pendant une semaine. Bref, l'actu est au numérique et Cinéma Nouvelle Génération a de toute évidence son mot à dire sur la question.Un enjeu politique ?Ainsi, un des points forts de cette édition sera une table-ronde dont le thème est "Diffusion numérique : les enjeux pour les exploitants de salle de cinéma". Certes, l'affaire s'adresse à un public averti, sinon purement professionnel, et on devrait pas mal y parler boutique, mais l'affaire est pourtant riche d'enjeux pour l'avenir. Car si le numérique a d'abord été une révolution pour la production (possibilité de tourner des films pour pas cher avec des équipes légères, puis montés à la maison sur son mac), c'est maintenant leur diffusion qui devient la place-forte à saisir. Que l'affaire soit à la fois convoitée par la frange la plus indépendante du métier mais aussi par de puissants groupes industriels est un paradoxe supplémentaire. On l'a dit Cinéma Nouvelle Génération a opté pour les "petits". On verra ce que sa compétition (dans laquelle on trouve quelques titres alléchants, en particulier l'ovni japonais Marebito de Takashi Shimizu) ajoute de grain esthétique à moudre dans cette "bataille du numérique" désormais bien entamée.Cinéma Nouvelle GénérationAux Subsistances du 7 au 10 juillet