Complètement Jaga

par
Mercredi 20 avril 2005

Musique / Quoiqu'il arrive par la suite, on ne peut que se réjouir aujourd'hui de l'ouverture culturelle que nous aura offerte l'Union européenne. Sans elle, aurait-on par exemple si aisément accès à cette extraordinaire scène scandinave qui nous a d'abord enchanté par la découverte d'une autre conception du jazz, avant de nous envoyer pléthores d'excellentes formations pop et rock ? Au milieu de cette effusion, un collectif norvégien a l'avantage de synthétiser toutes les aspirations de cette bouillonnante musique venue du froid : Jaga Jazzist. Révélé chez nous en 2002 par la sortie groupée de deux albums (A livingroom hush et The Stix) puis par un premier concert lyonnais mémorable au Ninkasi Kao, ce groupe de 10 musiciens réussit l'exploit de concilier jazz, funk, rock et électronique sans tomber dans le gloubigoulga branché. Les imprévisibles constructions des morceaux trahissent les sessions jazz fondées sur l'improvisation qui les ont vu naître, et les arrangements complètement débridés (claviers aériens et cuivres rêveurs dans les cages, batterie frénétique en attaque, samples en défense) renforcent cette impression d'un jeu à la fois naturel et rigoureusement conduit. Jaga Jazzist (qui a depuis raccourci son patronyme en simple Jaga, moins connoté stylistiquement) vient de sortir un nouvel album, What we must, ni plus ni moins recommandable que les précédents, où il s'affirme comme le trait d'union entre Bugge Wesseltoft et Tortoise. Leur nouvelle visite lyonnaise (le 14 avril au Ninkasi Kao) s'inscrit dans le cadre d'un festival baptisé Reflex et dédié aux hybridations musicales en tout genre, dans lequel on retrouvera, toujours au Ninkasi Kao, Ezekiel et DAAU le mercredi 13 et Interlope le vendredi 15.CCJagaAu Ninkasi Kao le jeudi 14 avril (avec Sayag Jazz Machine et Shrink Orchestra)"What we must" (Ninja Tune-PIAS)