Le PH au Cube

par
Mercredi 19 janvier 2005

Musique / Avec High Tone, Le Peuple de l'Herbe (PH pour les intimes) a toujours représenté une certaine fierté pour les adeptes du chauvinisme cochonaille qui écoutent de la musique avec des andouillettes à la place des oreilles. Cube, leur troisième album, de loin le meilleur et le plus ambitieux, est pourtant un disque qui les situe résolument hors de toute frontière, délocalisé quelque part entre l'Angleterre de Ninja Tune et le Berlin underground, comme si leur studio-home était beaucoup plus qu'un moyen de subsistance : une fenêtre ouverte sur le monde par laquelle on fait passer en douce un maximum de fatras et d'éclats sonores. Le cube de la pochette est cet assemblage de machines, platines, instruments que l'on retrouve ensuite sur chaque morceau de l'album, où le PH revendique plus que jamais son origine hip hop. Une origine qui ne se traduit plus seulement par des interludes rigolos à base de dialogues rétro et des effusions festives, mais par une tension sourde parfaitement représentée dans le choix du MC JC 001, son flow syncopé et sa voix outrageusement fumée. Les collages auxquels le PH a habitué ses auditeurs prennent ici une ampleur nouvelle : il s'agit de découper aux hachoirs tout ce qui constitue leur culture musicale, rap old school, génériques de séries télé cultes, synthés à la Pierre Henry (formidable Adventure, qui mélange tout cela avec une adresse incontestable), ragga sauvage, dub planant... Cela donne par exemple Gumzilla, qui n'aurait pas dépareillé sur un bon album des Beastie Boys. On ne peut terminer la visite sans évoquer la collaboration réussie avec les Puppetmastaz, marionnettes hip-hop qui se chargent de donner de la vie à un titre à la nonchalance mariachi (El Paso). La suite ? Un rendez-vous attendu au Transbordeur le 18 mars pour confirmer cette maturité en live.CCLe Peuple de l'herbe, Cube (PIAS)