Les Lumières de la ville
Événement / 152 ans après sa création, la Fête des Lumières joue les prolongations. Pendant quatre jours, les animations se succèdent autour du thème "Nature et Paysage". Dorotée Aznar
Quatre jours, quatre nuits : qui dit mieux ? Cette année, la Fête des Lumières, c'est encore plus beau, plus long, mieux réparti et pas plus cher ; bref, on nous promet la lune pour le 8 décembre. Et il est vrai qu'à y regarder de près, la programmation laisse rêveur. Résidences d'artistes, parcours dans la ville et hors ses murs, à pied ou en vélo... Quatre jours n'y suffiront peut-être pas. Mais même si la tradition en prend pour son grade, ne nous y trompons pas, la révolution n'est pas à l'horizon : montée aux flambeaux, lumignons aux fenêtres et rue de la République en tenue d'apparat, l'essentiel est conservé et la date du 8 décembre reste le point d'orgue de la fête. Le vrai changement réside sans doute dans la volonté affichée d'installer des animations hors de la presqu'île et du quartier Saint-Jean ; plateau et pentes de la Croix-Rousse, rive gauche, ouest Lyonnais, on peut choisir de ne pas s'agglutiner gaiement à ses semblables. François Magos investit ainsi les berges du Rhône entre la passerelle du Collège et le Pont Lafayette avec ses bulbes végétaux qui communiquent entre eux par des signaux sonores et lumineux ; l'Ecole Normale Supérieure accueille une structure gonflable de dix mètres de diamètre où projections vidéos et photographiques plongent le spectateur dans une redécouverte du paysage urbain ; le parc de la tête d'Or invite à des parcours à la nuit tombée, ses bassins se recouvrent d'objets lumineux flottants... Du coup, on en oublierait presque la place des Terreaux.Morceaux choisisPassage obligé de tout noctambule le 8, la place aux quatre façades accueille le Groupe marseillais Dunes. Madeleine Chiche et Bernard Misrachi proposent une réflexion sur la nuit et les perceptions. "Nous souhaitons que chaque spectateur puisse confronter ses sensations de la manière la plus libre et la plus solitaire possible, au milieu de la foule". Un travail en finesse sur les énigmes, la mémoire, les choses qu'on devine plus qu'on ne les voit. L'image et le son ne se dissocient jamais, il n'y a pas de trame, mais une succession d'impressions et de sensations, toujours dans le registre de la douceur, pour créer sans neutraliser le lieu. "Le spectateur doit avoir en tête qu'il doit regarder de tous les côtés, qu'il a peut-être raté la bonne chose", expliquent les concepteurs. Ils n'ont pas tort, car faute d'être doué d'ubiquité, on ne verra sans doute pas tout de cette fête des Lumières. À l'heure des choix, un détour par l'Opéra s'impose. Yann Kersalé propose en effet une nouvelle mise en lumière de l'édifice, dans la continuité du travail qu'il a déjà effectué et que l'on peut toujours admirer. Seules les animations de la place Bellecour, qui ses ont avérées être un gouffre financier, ont été totalement supprimées cette année au nom d'une meilleure répartition du budget, qui avoisine les 1, 2 million d'euros.La Fête des Lumières, du 8 au 11 décembre Programme en page 12 et sur www.lyon.fr/lumières