Jeune toi-même

par
Mercredi 12 décembre 2007

Photo : (c) Bruno Ansellem

Théâtre / On s'étonnera toujours de la volonté de certains metteurs en scène de vouloir à tout prix donner des «coups de jeune» aux textes classiques. L'avantage, c'est que l'on commence à bien connaître la formule : on prend un texte, on y ajoute de la musique -si possible en live- et bien évidemment on n'oublie pas d'avoir recours à la vidéo, dès le début de la pièce et ensuite de manière assez régulière quoique absolument injustifiée. Et cela fonctionne avec certaines pièces, peut-être parce qu'elles ont la faculté de traverser les siècles sans perdre leur actualité, que les messages qu'elles transmettent ou les personnages qu'elles mettent en scène touchent le public, au-delà des époques. Cela devient plus problématique quand on choisit de mettre en scène une satire des mœurs du XVIe siècle... comme La Célestine. La pièce raconte comment une vieille maquerelle se voit confier pour mission de persuader une jeune fille de bonne naissance de finir dans le lit de Calixte, jeune homme tombé sous ses charmes et prêt à tout pour la conquérir. Soit. Mais coller une mise en scène contemporaine sur ce texte ne change rien au problème : qu'est-ce que cette pièce a à nous dire aujourd'hui ? C'est la question qui demeure même si l'ensemble est loin d'être désagréable. Bien sûr, on se serait passé de l'intervention filmée de la traductrice de l'œuvre en prologue, des éléments de décors énigmatiques qui bougent à vue et passent d'un endroit où ils ne servent à rien à un endroit où ils ne servent pas à grand-chose, mais la seule présence de Michel Hermon dans le rôle de la vieille putain rend tout cela acceptable. Si La Célestine n'est qu'un simple divertissement, il en est la pièce maîtresse.Dorotée AznarLa CélestineAu Théâtre de la Croix-RousseJusqu'au 7 décembre