«Le plus naturellement possible»

Mercredi 19 décembre 2007

Entretien / Hafsia Herzi, révélation de La Graine et le mulet, justement récompensée par le prix Marcello Mastroianni à Venise.Propos recueillis par CC

Petit BulletinComment avez-vous rencontré Abdellatif Kechiche ?
Hafsia Herzi : Je vis à Marseille où je travaille pour une agence de figurants depuis l'âge de 12 ans. C'est une directrice de casting qui m'a contactée, j'ai fait un essai, elle m'a rappelé, j'ai passé un autre essai et Abdel m'a engagé. Je ne connaissais rien de lui, je n'avais pas vu L'Esquive, je ne suis pas du tout cinéphile...A-t-il réécrit le rôle pour vous, en fonction de votre personnalité ?
Non, tout était déjà précisément écrit. En fait, avant de me rencontrer, il avait coupé le rôle en deux, et il s'est rendu compte que j'étais capable de le jouer en entier, donc il est revenu à son idée de départ.Comment réussit-il à créer cette spontanéité dans les dialogues ?
On part d'un texte très écrit, sur lequel on doit proposer une interprétation, mais en essayant de le jouer le plus naturellement possible, pour que ça ait l'air vrai, avec des répétions, des hésitations. Abdel ne coupe jamais les scènes, même quand on se trompe dans le dialogue, il nous demande de reprendre. Par exemple, la scène de danse finale a été faite avec des prises de 45 minutes, la durée d'une cassette.Le film se passe à Sète, vous venez de Marseille, il y a à l'écran d'authentiques Sétois non professionnels et des acteurs, comme vous...
Cela ne faisait aucune différence sur le plateau. J'ai gardé mon accent marseillais, d'autres ont gardé leur accent parisien. Dès le début, un lien familial très fort s'est créé entre tous les comédiens, qui s'est prolongé au-delà du tournage. On continue à faire des soirées «La Graine et le mulet» entre nous...Vous avez découvert le film lors du festival de Venise ?
Oui. Je n'étais pas surprise, c'était exactement le film que j'imaginais, avec les coupes faites par Abdel. J'étais là pendant tout le tournage, même les scènes où je ne jouais pas. Pendant la course finale, j'étais à côté de lui, derrière le combo, à lui poser des questions. Je tenais à tout voir car j'aimerais bien réaliser un jour...