La création va bien, merci
Classique / Deux événements s'entrechoquent et s'alimentent en mars, deux manifestations à portée internationale. Le GRAME et l'Opéra comme deux lieux incontournables de re-création.Pascale Clavel

Photo : Festival Nô
Musiques en scène, proposée par le GRAME est un lieu dédié à la création contemporaine dans ce qu'elle a de meilleur. L'audace est présente, le bouillonnement d'idées innovatrices reste au fil des rendez-vous d'une exceptionnelle qualité. Musique et danse, installations, conférences, master-classes avec Peter Eötvös, résidences de compositeurs, programmes pédagogiques, rencontres musicales pluridisciplinaires... La programmation est si riche que nous pouvons juste nous demander si la profusion d'œuvres ne va pas créer une belle frustration. L'édition 2008 associe le compositeur et chef d'orchestre Peter Eötvös à la direction artistique. Il présentera ses propres œuvres et accompagnera les principales orientations des événements musicaux, notamment dans les domaines du jazz, des musiques électroniques et de l'opéra. Peter Eötvös, compositeur et chef d'orchestre est l'une des grandes personnalités de la musique des XXe et XXIe siècles. Compagnon de route de Stockhausen, il saura certainement rendre un hommage appuyé à ce géant qui vient juste de disparaître.Au même moment...L'opéra fait son festival. «Une série de rencontres mystérieuses» : quatre œuvres pour célébrer le Japon, quatre moments d'une étonnante diversité musicales, chorégraphiques et stylistiques. Hanjo, du compositeur contemporain Toshio Hosokawa ouvrira le festival et la chorégraphe Anne Teresa de Keersmaeker sublimera très certainement les propos. Dans cette œuvre, «le compositeur fusionne le genre du Nô avec la représentation des Mystères médiévaux», comme un pari impossible : choc de deux mondes. Ensuite, après son succès à l'opéra avec Les Trois Sœurs , Peter Eötvös revient avec une nouvelle création Lady Sarashina composée d'après les fragments du journal de Sarashina qui vécu au XIe siècle dans un Japon où les femmes tenaient une place essentielle dans la vie sociale, économique et culturelle. Mireille Delunsch, soprano incontournable, enfilera avec élégance le costume d'une Lady Sarashina complexe, mystique et profonde. Le troisième moment s'avère un peu déroutant puisque Curlew River composé par Benjamin Britten, n'est pas à proprement parler un opéra. Il s'agit plutôt d'une «parabole d'église» d'après une pièce médiévale de théâtre Nô. Cette œuvre marque chez Britten le début d'un certain ascétisme, donc d'une grande austérité du langage musical. Enfin, autre moment surprenant de ce Festival Nô, la programmation de Celui qui dit oui, celui qui dit non de Kurt Weill, une œuvre inspirée d'un conte japonais du XVe siècle (La Chute dans la vallée) et un opéra didactique qui invite à la réflexion : faut-il toujours obéir aux règles d'une société féodale ? La nôtre ?Festival NôÀ l'Opéra de LyonDu 5 au 15 marsBiennale Musiques en scèneDu 4 au 20 mars