Le jour de l'indépendance
Cinéma / Vent de panique sur les Alizés en ce vendredi 25 janvier... Une table-ronde réunissant les acteurs de l'exploitation cinématographique indépendante a été organisée autour de la question «Quel avenir pour les cinémas de nos villes et pour la diversité culturelle ?». Trois motifs d'inquiétude se font sentir depuis plusieurs mois : la pression grandissante des «grands groupes» sur les distributeurs pour différer la sortie des films dans les cinémas de périphérie ; les attaques contre les salles municipales ou privées (comme à Lyon, avec le procès en cours de UGC contre le Comœdia) ; et, plus récente, la diminution des crédits déconcentrés alloués à la Direction Régionale des Affaires Culturelles (DRAC) au titre de l'éducation à l'image, des festivals de cinéma et des associations gérantes de salles. Au terme d'un long débat de plus de trois heures trente, les questions se ramifient : quid de la disponibilité des versions originales pour les salles indépendantes quand les copies sont réclamées par les grands circuits ? Pourquoi des distributeurs cracheraient-ils sur un système qui permet l'exposition de certains films à la fois dans les multiplexes mais aussi dans le réseau des indépendants (comme le prouve l'exemple à succès de La Visite de la fanfare) ? Le numérique est-il le futur allié ou l'ennemi juré des salles indépendantes ? Sur ce dernier point, la confusion est totale, entre ceux qui y voient une ouverture vers la diminution du prix de location des films ou une liberté de programmation nouvelle, et ceux qui craignent d'exorbitants coûts d'installation et de maintenance, ainsi qu'une manière pour le distributeur d'instaurer définitivement une distribution à deux vitesses : les gros et le centre-ville d'abord, les petits et les «ruraux» ensuite. Derrière les débats, le spectre politique se profile : l'envie des salles indépendantes (un millier en France) est de s'unir et de porter ses doléances vers les élus, même si ceux-ci, comme l'a prouvé l'intervention très «realpolitik» d'un élu du Grand Lyon, ne cachent pas leur relative impuissance face aux réalités du marché. Mais aussi de peser dans la campagne municipale qui se profile, de jouer un rôle de «lobby» (le mot est prononcé durant la table-ronde) pour défendre leurs intérêts et sauver leur peau. Premier acte majeur de cette mobilisation : une intervention le 22 février à la cérémonie des Césars, relayée par une «grève» à la géométrie encore floue dans les salles. À suivre, donc. CC