Coup de coeur pour Dame de pique

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Mercredi 6 février 2008

Opéra / La musique russe explose au XIXe siècle quand la Russie passe en un clin d'œil du Moyen-âge à l'époque moderne. On ne peut faire abstraction de cet élément si l'on veut comprendre la richesse de la création musicale et littéraire de l'époque. Tchaïkovski est l'un des rares compositeurs russes a avoir fait la synthèse entre les formes occidentales qu'il connaît très bien et les courants nationalistes dont il est imprégné. Sa Dame de Pique, avant-dernier opéra des dix qu'il a composés, s'inspire à volonté de la nouvelle de Pouchkine tout en lui donnant sa vie propre et un caractère plus tourmenté. Atout cœur : Saint-Pétersbourg, fin du XVIIIe siècle, Hermann, jeune officier est déchiré entre sa passion du jeu et son amour pour Lisa. Atout pique : Lisa est la nièce d'une vieille comtesse francophile qui a reçu du comte de Saint-Germain le précieux secret d'une combinaison de trois cartes permettant de gagner à coup sûr... Noirceur, coups de dés, coup du destin, morts en direct, l'intrigue fascine. D'un point de vue musical, on est aux anges. Les thèmes sont d'une belle diversité. Par ici, un chœur d'enfants qui nous amène presque chez Bizet, par là l'influence de Mozart et de son 25e concerto pour piano. On passe du drame le plus sombre à la romance la plus sucrée qui elle-même fait réapparaître la tension la plus noire... Le canevas reste captivant jusqu'au bout. Cette production, de la baguette fougueuse du jeune Kirill Perenko aux chanteurs très expressifs, est essentiellement russe. On découvre à l'envi cette langue profonde et subtile, on s'abandonne à ses accents ronds et chauds. La mise en scène de Peter Stein colle au texte, recolle aux situations, ne décolle jamais, pourquoi pas ?La Dame de PiqueÀ l'Opéra de LyonJusqu'au 5 février