À la Racine
Portrait / Jean-Marc Avocat est un baroudeur des scènes lyonnaises. Une tronche télévisuelle furtive, mais avant toute chose, une bête de scène. On a pris le goût de sa démesure maîtrisée, de ses dérapages extrêmement contrôlés via sa collaboration avec le génial metteur en scène Emmanuel Meirieu (dont Michel Belletante avait eu le bon goût de programmer le superbe Ressusciter les Morts pour l'édition 2006 de l'Hommage). Largement conspué pour son diptyque "tragédies antiques western spaghetti" (Wanted Médée, Dead or Alive et A Gun for Electre), le metteur en scène pousse le bouchon encore plus loin en 2002 avec son Othello sis en pleine guerre du Vietnam. En Iago aigri, graveleux et méprisable, Jean-Marc Avocat est tout simplement gigantesque, et témoigne, à l'inverse de ce que supputait le landernau culturel lyonnais, que le metteur en scène est un grand directeur d'acteurs et non un simple artificier. La collaboration entre le comédien et Meirieu se poursuivra avec les deux pièces inspirées des travaux de l'américain Jez Butterworth. The Night Heron et Baby King nous transportent dans des huis clos fascinants, à la direction artistique impeccable. En parallèle de cette émulation prolifique (Jean-Marc Avocat interprètera le rôle principal de Mort d'un Commis Voyageur d'Arthur Miller du 4 au 22 mars au Théâtre des Célestins à Lyon), le comédien s'est lancé un défi énorme. Se déclarant globalement déçu des transpositions d'œuvres de Racine à la scène, Jean-Marc Avocat s'embarque dans un challenge forçant le respect autant que la circonspection : interpréter seul, sans décor, sans modulations vocales caricaturales, l'intégralité de Phèdre puis de Bérénice. Revenir à l'émotion brute, repousser les limites du jeu avec une sobriété matricielle. Le pari est insensé, mais d'après nos estimés camarades lyonnais, il est relevé haut la main. On y reviendra dès la mi novembre. FCPhèdrejeu 15 et ven 16 nov à 20h30, à l'AmphithéâtreBérénicejeu 29 et ven 30 nov à 20h30, à l'Amphithéâtre