L'étudiante

par
Mercredi 1 mars 2006

Musique / Laura Veirs a fait l'école. Cela se voit et cela s'entend. Avec ses lunettes ovales et ses longs cheveux mal fagotés, on l'imagine parfaitement au fond de la classe en élève brillante mais discrète, perdue dans son univers intime singulier ; specimen typique de la fille au premier abord austère, mais gagnant à être connue. Un principe qui s'applique à merveille aux disques de cette enfant du Colorado aujourd'hui basée à Seattle. Venue à la guitare sur le tard, la demoiselle fait preuve d'un sens de l'arpège distingué évident et maîtrise l'art subtil consistant à faire évoluer une mélodie sur des schémas harmoniques fixes. En gros, les accords ne changent pas, mais la ligne de chant si. Épaulée par son producteur et batteur fidèle, Tucker Martine, Laura Veirs a su avec les années offrir un écrin de plus en plus luxueux à ses miniatures folk. Sur Carbon glacier (2004) et plus encore Year of meteors (2005), la précision du travail sur la matière sonore impressionne : bidouillages électroniques, percussions chamarrées, claviers, alto ou guitares distordues, chaque intervention instrumentale semble mûrement réfléchie et le tableau final agencé avec soin. Mr Martine a dû faire l'école aussi... En vrai, Laura Veirs a bel et bien un passé d'étudiante. En géologie. C'est peut-être un détail pour vous, mais... cette passion avouée pour la caillasse et les éléments naturels en général, coule dans les vers de Laura et dessine les contours d'un univers panthéiste où l'on parle singulièrement de choses tout à fait banales (la vie, l'amour, les gens...). Nous sommes en février, il est encore temps d'approcher la timide du fond, pour ne pas réaliser à la veille des vacances, qu'en fait, «elle était bien cette fille, on aurait dû lui parler avant».Emmanuel AlarcoLaura Veirsle 24 février à 20h30, au CielAlbum : "Year of Meteors" (Nonesuch)