Nouvelles de la zone interdite

Photo : Guy Delisle
Rencontre / Si le récit de voyage en bandes dessinées est un format très apprécié par toute la nouvelle génération d'auteurs apparue depuis une dizaine d'années dans le sillage d'éditions indépendantes comme l'Association, Guy Delisle fait clairement partie de ceux qui lui ont donné ses lettres de noblesse. Après deux premiers ouvrages consacrés à Shenzhen (Chine) et Pyongyang (Corée du Nord), où l'auteur travaillait dans le domaine du cinéma d'animation, il vient de publier, dans la collection Shampooing des éditions Delcourt Chroniques Birmanes, récit d'un séjour (cette fois-ci non professionnel) en Birmanie, où l'on retrouve toutes les qualités qui nous avaient fait adorer les deux premiers. Car ce qui fait toute la force des bandes dessinées de Guy Delisle, c'est sa capacité à se cantonner à un simple, mais affûté, rôle d'observateur, «Sans essayer de tout comprendre, ce qui me semble être une tare typiquement occidentale». En relatant aussi bien son émerveillement devant les étiquettes "exotiques" des conserves d'un rayon de supermarché que les conséquences quotidiennes d'une vie sous un régime dictatorial (propagande, censure de l'information...), il esquive à la fois les écueils de l'autobiographie égocentrique exaspérante, et ceux du pamphlet "engagé" dénué de tout recul. Et offre par ce biais une mise en perspective autrement plus éclairante sur la réalité complexe d'un pays où la répression sanglante et arbitraire n'a pas réussi à faire disparaître une certaine indépendance d'esprit et une soif de culture. Témoin "privilégié" mais parfaitement lucide, Guy Delisle «ne prétend pas à l'universalité», et c'est ce qui rend ces récits aussi instructifs que passionnants. DGGuy Delisle dédicace sam 24 nov à 14h30, à la librairie Momie FolieBD : "Chroniques Birmanes" (Delcourt)