Je danse donc je suis
preview / Quand un chorégraphe part dans l'idée de s'offrir un solo, il y a généralement de la mise à plat dans l'air. L'envie de faire le bilan du chemin parcouru, de rebooter le disque dur chorégraphique, de s'adonner aux joies d'une forme - a priori - plus simple. Mais lorsque le maître d'œuvre de cet apparent retour aux sources se nomme Philippe Decouflé, le résultat est forcément plus nuancé. Quand l'envie de créer Solo : le doute m'habite l'étreint, l'artiste sort d'une série de commandes prestigieuses qui l'ont éloigné de la pratique dansée. La quarantaine entamée, il est inscrit au firmament des grands noms de la danse contemporaine, il n'a plus rien à prouver à personne, si ce n'est à lui-même. D'où le besoin d'investir de nouveau l'espace scénique, pour une création on ne peut plus à son image : ludique, inventive, visuellement riche, d'une fantaisie d'inspiration circassienne, et où la générosité se traduit notamment via des échanges malicieux avec le public. Philippe Decouflé évolue au milieu d'une installation mouvante faite d'écrans, de projecteurs et de caméras. Les effets démultiplient son corps, ses mouvements ou ses membres à l'infini ; le chorégraphe se défie en duo, trio et plus grâce à de savantes ombres chinoises. Il fait partager dans un autre tableau ses photos de jeunesse, reprend dans un autre son irrésistible chorégraphie du P'tit Bal. Mieux qu'un simple best of, Solo : le doute m'habite constitue d'une part un véritable tour de force technique (c'est une chose d'utiliser des artifices visuels dans un spectacle, et c'est une autre paire de manche que de les couler dans une fluidité d'ensemble !), mais aussi la plus belle des déclarations d'amour du chorégraphe à son public. FCSolodu mer 19 au ven 21 déc, au Grand Théâtre de la MC2