L'encre dans la peau

Les œuvres datent des années 1960, époque où, après un coma de trois semaines, l'artiste a perdu la perception des couleurs (qu'il recouvrera peu à peu à partir de 1966-68)...
Injustement méconnu, poète, cinéaste et artiste, Jean Raine participa au mouvement surréaliste belge emmené par Magritte, fut un proche d'Alechinsky et du mouvement Cobra, et fréquenta les derniers surréalistes français à la fin des années 1940...
Adepte du dérèglement de tous les sens de Rimbaud, il dessine et peint dans l'urgence et la fièvre, parfois à même le sol, et laissera après sa mort quelque 2000 œuvres !
«Mon humeur est de charbonner, non pas au fusain comme dans les académies, mais aux couleurs qui se nient, qui se tuent mortellement et qui pour finir font encre. On ne m'enlèvera pas l'encre du sang» a écrit Jean Raine.
Une œuvre viscérale donc, sans médiation ou presque, où les humeurs du sang et les distorsions des nerfs viennent directement s'imprimer sur la toile et le papier, corps à corps.
Jean-Emmanuel DenaveJean Raine. «La Proie de l'ombre» jusqu'au 9 juin au Musée des Beaux-Arts. «Cobra pour qui en veut» jusqu'au 24 avril à la Galerie Henri Chartier