Nouvelle Nouvelle vague

Il faut dire que l'Angleterre morose qui a engendré ce courant il y a près de 30 ans n'a guère changé. Tout juste le règne blairiste a-t-il mis un sourire faux-cul sur le cynisme (f)rigide du thatchérisme.
De ce point de vue, Editors est un groupe de son temps : son lyrisme malaisant, fait de mélodies cathédrales, de guitares carillons et d'envolées christiques, est le reflet d'une époque propice au tourment new wave.
Sur Well Worn Hand, qui clot en douceur le second album du groupe, An End has a Start, le chanteur Tom Smith semble regarder l'Angleterre dans les yeux : "I'm so sorry about the things that they've done / I'm so sorry about what we've all become", lui dit-il.
Des paroles qui résonnent d'autant mieux que la voix qui les porte est un mélange troublant des deux grands Ian de la new wave : Curtis de Joy Division et McCulloch d'Echo and The Bunnymen. L'intransigeance du premier et le romantisme échevelé du second. Plus abouti que le tranchant The Back Room, An End Has a Start lorgne d'ailleurs beaucoup sur Echo & The Bunnymen. Comme McCulloch, Smith ne dédaigne pas y calmer le jeu pour jouer de façon bouleversante les crooners crépusculaires.
Rien de nouveau sous le soleil, certes. Mais en Angleterre qui se soucie du soleil ?Editors. «An End Has a Start» (PIAS)