Sans arme, ni haine, ni violence

Mais c'est bien la personnalité de l'escroc et l'étonnant regard que Rouve porte sur lui qui font tout le prix du film : entre Groucho Marx et Nicolas Sarkozy, entre un pitre se mettant en scène avec postiches et cigare et un beauf réactionnaire attiré par le bling-bling et la célébrité.
Extrêmement subtile, la composition de l'acteur-réalisateur montre l'endurance de Spaggiari pour assurer le show auprès de son interlocuteur, jusqu'au moment où son personnage s'effondre, tombe le masque et révèle toute la vacuité de son existence.
On pense alors au De Niro de La Valse des pantins, par cette capacité à être drôle malgré soi, mais certainement pas quand on cherche à l'être. On devine surtout un touchant autoportrait de l'ex-Robin des Bois en entertainer fatigué et en quête de sincérité. Rouve n'est pas aussi inspiré quand il s'agit de reconstituer le casse lui-même, notamment pour faire revivre l'équipe constituée autour de Spaggiari (il y avait pourtant une vraie matière à traiter à travers l'opposition entre mercenaires et mafieux marseillais). Sans arme, ni haine, ni violence reste cependant une étonnante réflexion sur le spectacle, le désir de séduire et l'énergie nécessaire pour camoufler le vide dépressif derrière la comédie.
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Sans arme, ni haine, ni violence, de et avec Jean-Paul Rouve (Fr, 1h28) avec Gilles Lellouche, Alice Taglioni...