Rupture 2008 ?

Vendredi 9 mai 2008

Entre rumeurs alarmantes et dure réalité, ça ne s'arrange guère pour le réseau musiques actuelles lyonnais. Du Citron au Kao, des marchands de bière aux musiciens, tout le monde tire la langue. À défaut de pouvoir la garder dans sa poche. Stéphane Duchêne

Loin des rumeurs de fermeture entendues ces dernières semaines, de l'aveu même de Jean-Marie Pottier, directeur artistique et programmateur, Kao Konnection n'est pourtant pas au mieux. Du fait notamment d'annulations répétées fautes de préventes. D'où une situation financière tendue pour Ninkasi Entreprise, son principal financeur : «On a besoin de clarifier notre mission vis-à-vis de la mairie dont on attend qu'elle s'investisse davantage pour soulager le Ninkasi, sinon c'est tout la structure qui est en péril. Et s'il faut faire un choix, on sera contraint à un moment de faire une croix sur le projet culturel». C'est-à-dire, à terme, le risque de faire du Kao un Transbordeur bis, salle à louer mais sans projet culturel justement. En fait, et ce n'est pas nouveau, c'est tout le réseau musiques actuelles lyonnais qui souffre du désengagement de l'Etat et des coupes budgétaires. S'y ajoute «la crise», qui touche en premier lieu l'industrie culturelle: «tout est lié, note Jean-Marie Pottier, quand il y a baisse du pouvoir d'achat on est parmi les premiers touchés». Face à ce constat pour le moins morose, le Cmal (Collectif Musiques Actuelles de Lyon) qui regroupe 32 structures locales (salles, tourneurs, producteurs) a tiré il y a un mois la sonnette d'alarme et appelé à une table ronde auprès de la municipalité notamment. Le but : définir en commun une politique forte qui redéfinisse les missions et, bien entendu, les moyens de chacun, face au désengagement étatique.Rupture 2013Le constat soulignait notamment l'importance de «la prise en compte des petits lieux de diffusion, éléments essentiels de la chaîne». Des cafés concerts, puisque c'est d'eux qu'il s'agit principalement, qui plus que les autres ont connus une saison noire. Leur symbole : le Citron contraint de mettre fin à sa programmation rock en mars, faisant les frais de l'impossible équation vie nocturne/écologie urbaine. Or les difficultés des caf' conc' rejaillissent sur toute la chaîne : «sans eux, impossible de faire exister une scène lyonnaise qui puisse être le moteur des musiques actuelles à Lyon. On ne peut pas se couper de la création», souligne JM Pottier. Le potentiel de groupes est là. Manquent des structures fortes. Ce mois-ci, en attendant mieux, le Citron a repris les concerts, mais en acoustique seulement... Et continue de se mobiliser, via le collectif «Rupture 2013», qui fédère notamment des cafés concerts très remontés. Via également les musiciens eux-mêmes, d'autant plus conscients du problème qu'il leur devient de plus en plus difficile de trouver des scènes où jouer. Tous, en chœur, réclament sensiblement la même chose : l'assurance d'une véritable volonté politique de la part de la mandature Collomb II et du nouvel adjoint à la culture Georges Képénékian.