Overflow à fond de cale
Portrait / Il fait partie de ces visages familiers qui peuplent les nuits des berges du Rhône. Florent, 22 ans, se fait appeler Overflow quand il mixe. Mais ses collègues de la Marquise l'ont rebaptisé Petit Corps Malade. C'est resté mais "c'est parti d'une connerie et je ne sais même plus pourquoi d'ailleurs" affirme-t-il en se sifflant un demi sans faux col à une terrasse ensoleillée. Adolescent biberonné à la techno du label grenoblois Good Life, il découvre un jour les compilations de Gilles Peterson, globe-trotter patenté des platines. Et c'est le choc. "C'est génial, c'est ce son que j'aime", cette perception toute brittonne du groove, sorte de gros machin métissé et ensoleillé, fruit de l'assemblage sans oeillère de funk, de disco, de hip-hop, de reggae-ragga et d'une lichette de musique électronique. À 19 ans, alors qu'il sert des mojitos depuis près d'un an derrière le comptoir de la péniche Le Sirius, il se paie une paire de platines vinyles et s'entraîne comme un dératé. Au contact des différents Dj'S résidents du quai Augagneur avec qui il se lie d'amitié, il parfait sa technique jusqu'à devenir un des leurs. Être Dj professionnel c'est la belle vie ? "C'est quand même une chance de pouvoir vivre de sa passion. Barman c'est trop usant comme métier.
Aujourd'hui j'ai aussi la chance de pouvoir payer mon loyer, de m'acheter des disques et de manger un peu". Et des envies parfois de sauter le pas, d'arrêter de jouer la musique des autres et de défendre la sienne ? "J'avoue prendre mon temps pour composer quelque chose qui me ressemble. J'apprends le piano en ce moment".
Overflow peut bien prendre son temps, il truste après trois ans d'exercice les platines du Sirius, de la Marquise et de la Plateforme. Rien que ça. Antoine Allegre À la Marquise Jeudi 12 mai