Nés en 68
d'Olivier Ducastel et Jacques Martineau (Fr, 2h52) avec Laetitia Casta, Yannick Renier, Yann Tregouët...

Après un inexplicable saut temporel qui nous amène directement aux heures noires du SIDA et du deuxième septennat de Mitterrand, Martineau et Ducastel commencent un autre film, qui semblent les passionner beaucoup plus : les amours homosexuelles de deux fils de 68. Mais les clichés ont la peau dure, et ce sont cette fois-ci des dialogues de soap opera burlesques dans leur indigence qui font couler le navire.
Pourquoi aucun souffle ne se dégage de cette fresque pourtant ambitieuse ? Parce qu'il n'y a ici que des passages en force scénaristiques (la conversion au terrorisme, la séropositivité, le cancer...), et jamais rien dans la chair des plans qui vienne les annoncer.
La mise en scène, soit plate, soit maladroite, cherche en vain l'inspiration nécessaire pour faire exister ailleurs que dans le fantasme ou la théorie les intentions des auteurs. Quant à leur vision historique, elle est assez limitée : à la France déjà (le reste du monde n'existe quasiment pas), mais aussi à une froide continuité d'événements, le précédent expliquant le suivant, etc. Réduite à l'état de faits, cette Histoire-là est manipulable par toutes les démagogies, que ce soit celle que le film prétend bien naïvement combattre (pêché éternel de la gauche !) ou celle qu'elle finit par sottement ressusciter.Christophe Chabert