«Rien de glamour, rien de glorieux»
CINEMA / près deux films de fiction, des documentaires et une série d'animation, Ari Folman passe à la vitesse supérieure en effectuant une synthèse fulgurante de tous ses travaux précédents, et en revenant au drame fondateur de son existence : son expérience de soldat pendant la guerre du Liban. Propos. CC

La quête de souvenirs traumatiques enfouis dans la mémoire est une forme de thérapie. Une thérapie qui a duré aussi longtemps que la production du film : 4 ans. Au cours de cette période, j'oscillais entre la dépression la plus noire, engendrée par les souvenirs retrouvés, et l'euphorie du projet de film, avec cette animation novatrice, qui avançait bien plus vite que prévu.Documentaire et animation
Valse avec Bachir a toujours été pour moi un documentaire d'animation. Comme j'avais réalisé plusieurs documentaires auparavant, c'était très excitant de se lancer dans ce projet. L'idée du film me travaillait depuis plusieurs années, mais le tourner en images "réelles" ne me convenait pas. Qu'est-ce que cela aurait donné ? Un quadragénaire interviewé sur fond noir, racontant des histoires vieilles de 25 ans, sans aucune image d'archives pour illustrer son propos. Quel ennui ! L'animation m'est apparue comme la seule solution, avec sa part d'imaginaire. La guerre est tellement irréelle, et la mémoire tellement retorse, autant effectuer ce voyage dans la mémoire avec de très bons graphistes.Sabra et Shatila
Le massacre de Sabra et Shatila est la pire des choses qui puissent arriver à des êtres humains. Ce qui est sîr, c'est que les phalangistes chrétiens sont pleinement responsables du massacre. Les militaires israéliens n'ont rien commandité. En ce qui concerne le gouvernement israélien, lui seul connaît l'étendue de sa véritable responsabilité, lui seul sait s'il avait été mis au courant à l'avance de cette tuerie vengeresse préméditée.Film de guerre
J'ai réalisé Valse avec Bachir du point de vue d'un soldat quelconque, et la conclusion est que la guerre est si incroyablement inutile ! Ça n'a rien à voir avec les films américains. Rien de glamour ou de glorieux. Juste des hommes très jeunes, n'allant nulle part, tirant sur des inconnus, se faisant tirer dessus par des inconnus, qui rentrent chez eux et tentent d'oublier. Parfois ils y arrivent. La plupart du temps, ils n'y arrivent pas.