Pollution photographique
Exposition / Originaire de Nantes, Érick Derac est à 39 ans un photographe d'un nouveau genre, un artiste laborantin qui utilise divers procédés afin de créer, modifier et transformer une image pour nous en donner sa vision. Il débute ce travail en 1997-1998, avec la série Contaminations, se concentrant alors sur la base même de l'image, l'ektachrome, le négatif. A partir de là , il rajoute des morceaux de gélatine et de scotch qui immergent le spectateur dans une atmosphère colorée et évoquent l'aspect d'un vitrail. S'ensuit en 2001, Songes-environnement, où l'artiste continue à prendre des clichés de divers lieux, pour l'essentiel des zones industrielles, qu'il va ensuite « polluer » à l'aide de déchets provenant des alentours (feuilles mortes, insectes, morceaux de bois). Un travail minutieux, presque chirurgical, réalisé sur un espace de 6 x 7 cm qui donne un résultat étrange puisque élégant, et ce grâce à l'ajout de ces reliquats.
En 2007, il produit Tu n'es poussières, série dans laquelle il abandonne complètement l'ektachrome pour ne plus travailler qu'avec des fragments de cheveux, de poussières, et autres détritus. Érick Derac passe alors un cap : il fait de la photographie sans photographie. Dans Femme Mag, l'artiste en vient à redessiner des portraits, créant ainsi des êtres dénaturés, pâles et fantomatiques. Aujourd'hui au Musée Géo-Charles, l'exposition Manipulated, composed and designed est un concentré de ses diverses expérimentations. Ajoutant, collant, triturant, gommant par la même occasion, le travail d'Érick Derac se veut recycleur et créateur d'œuvres séduisantes, non pas à partir de matériaux nobles, mais bien de l'impureté même. Comment faire du beau avec du « sale ».
Patrice Coeytaux
Manipulated, composed and designedjusqu'au 31 août, au Musée Géo-Charles