12 heures chrono

Jeudi 4 septembre 2008

Actu / dernière ligne droite pour les porteurs du projet lyon 2013. Jeudi 4 septembre, quatre membres du jury européen chargé de désigner la capitale de la culture pour 2013 seront à lyon pour une visite éclair de douze heures. Dorotée aznar

Photo : Muriel Chaulet

Bordeaux, Toulouse, Marseille et Lyon.
Chacune des villes françaises présélectionnées au titre de Capitale Européenne de la Culture a reçu la visite du jury. À Lyon, dernière sur la liste, la date est fixée au jeudi 4 septembre et on se prépare à accueillir cette délégation, dont fera partie le Britannique Sir Robert Scott, président du jury. «Nous disposons très exactement de douze heures, de midi à minuit, pour leur montrer les grandes lignes de notre projet», explique Vincent Carry, Conseiller artistique pour la candidature. Avec peu de temps pour séduire, l'équipe de Lyon 2013 a donc décidé de surprendre. Visite à la Maison de la Confluence, au Marché Gare et à la Sucrière, suivies d'un déjeuner sur l'eau en compagnie de représentants de la sphère culturelle (Institut lumière de Lyon, Biennale du Design de Saint-Étienne...), de politiques, de personalités du monde économique et des quatre villes européennes partenaires (Barcelone, Turin, Genève et Kosice). La visite au pas de course pourra alors reprendre : exposition sur la péniche du Grand Lyon, visites des Berges du Rhône, du Carré de Soie à Vaulx-en-Velin, des Ateliers Frappaz à Villeurbanne, apéritif à la Guillotière avec des jeunes créateurs et artistes... «L'objectif est de montrer la ville sous un autre angle que celui de la "zone UNESCO". Notre territoire ne se limite pas à la Presqu'île», affirme Vincent Carry. RICHE, MAIS SOBRE
On sait que l'un des points faibles de la candidature lyonnaise est l'impression donnée par la ville de disposer de suffisamment de ressources et d'équipements culturels. La visite aurait-elle pour but de montrer que la ville n'est pas si "riche" qu'il y paraît ? «Nous avons tordu le coup à cet argument depuis le premier tour, assure Vincent Carry. D'ailleurs, contrairement à ce que certains ont pu croire, le titre de Capitale Européenne de la Culture n'est pas fait pour sauver des villes». Lyon ne jouera donc pas aux pauvres, mais va plutôt s'attacher à montrer la mobilisation sans faille des acteurs derrière ce projet. En quelques heures, les 4 membres du jury devraient rencontrer pas moins de 500 accompagnateurs de la candidature de Lyon et découvrir sur le terrain les thèmes choisis par la ville (urbanité, nouveaux langages artistiques et hospitalité), le tout dans une ambiance studieuse et «avec une certaine sobriété». «Le jury vient pour travailler, ce n'est pas le bal du 14 juillet» s'amuse Vincent Carry. ENVIE D'AVOIR ENVIE ?
En dépit du peu de publicité faite autour de la candidature de Lyon, les premières critiques n'ont pas tardé à se faire entendre. On s'est déjà interrogé sur les retombées (et le sens) d'une campagne d'affichage énigmatique où des inconnus affirment "J'en ai envie" et les premiers collectifs "d'opposition à Lyon 2013" ont vu le jour avant l'été. Parmi eux, «Lyon rupture 2013» regroupe une trentaine de petits lieux culturels (pouvant accueillir 150 personnes maximum) comme le Citron, le Bistroy ou la Boulangerie du Prado. Leurs responsables ont profité de la candidature de la ville de Lyon pour faire entendre leurs revendications : «En 2013, les petits lieux culturels auront disparu. Nous ne pensons pas que Lyon soit digne de devenir Capitale Européenne de la Culture», affirme Frédéric Bres le gérant du Citron, un caféconcert situé dans le cinquième arrondissement. Selon lui, «les politiques à Lyon sont obnubilés par le prestige et l'événementiel mais la ville n'est même pas capable de recevoir la production locale et de faire vivre le premier maillon de la chaîne culturelle» et il se moque gentiment de cette ville «qui se veut internationale mais où on ne peut pas fumer une cigarette devant un lieu culturel après 22 heures sans déclencher la révolte du voisinage». Rupture 2013 choisit donc la provocation pour relancer le débat sur les conditions d'existence des petits lieux mais les membres du collectif se disent finalement «peu concernés par la candidature » et n'ont d'ailleurs présenté aucun projet à l'équipe en charge du dossier. «Les craintes des petits lieux sont légitimes, concède bien volontiers Vincent Carry, mais il s'agit d'une question de politique culturelle qui n'a rien à voir avec la candidature de Lyon. Je pense que ce n'est pas la bonne façon de faire. Imaginez que les enseignants se soulèvent contre Lyon 2013 pour obtenir des augmentations de salaires... Cela n'aurait pas beaucoup de sens... Je pense que la candidature de Lyon n'est pas uniquement institutionnelle et laisse la place à l'émergence et à la jeune création. Et il ne faut pas croire que la vie culturelle ira mieux si Lyon perd !».